Sait-on qu’en dehors des frais supportés par le vendeur (honoraires d’expert, frais de catalogue, de publicité, de transport, d’assurance, de main-d’oeuvre, etc.), l’acheteur supporte 12 % de frais d’enregistrement et de taxe de luxe, une taxe municipale de % et la taxe des Monuments historiques actuellement stabilisée à 1,20 %? Dans les ventes où le droit de suite des artistes est appliqué, conformément aux lois des 20 mai 1920 et 27 octobre 1922, il est en outre perçu 3 %, et d’aucuns ont même émis la prétention de voir le droit de suite fonctionner lorsque l’objet d’art est retiré de la vente par le vendeur pour insuffisance de prix. Passons la frontière. En Angleterre et en Italie, l’acheteur ne paye aucune taxe; en Suisse, les ventes sont frappées d’un droit fixe de 500 francs par jour et d’une taxe dégressive allant suivant les cantons de 3 à 5 %; en Belgique, les droits sont de 4,2o %; en Allemagne et en Hollande, ils sont seulement de 1,5o et de 0,5o %. En présence de ces constatations, qu’il s’agisse d’un étranger désirant mettre sa collection en vente en France, ou d’un français qu’aucune raison ne pousse à vendre à l’étran-ger, lorsque la révélation leur est faite que tout acheteur paye à l’Etat français des droits aussi importants dévalorisant d’autant la valeur marchande de leurs biens, on peut présumer qu’ils n’hésiteront pas à prendre une décision contraire aux intérêts artistiques de notre pays et à ceux du marché français. Quant à l’Etat français lui-même, il est le seul à ne pas comprendre son véritable intérêt. Demander la réduction des droits sur les ventes aux enchères, c’est revenir à demander la suppression, ou tout au moins, une large réduction de cette taxe de luxe, qui, votée en juin 1920, a pu avoir sa raison d’être à une époque de déséquilibre économique et de malaise financier, mais qui, aujourd’hui contribue à l’exode des ventes publiques à l’étranger. RENÉ LERAY. Avocat d la Cour de Paris. LE PLAN DE REORGANISATION DU MUSÉE DU LOUVRE On a trop souvent répété que le Louvre n’avait pas été organisé pour être un Musée. Pourtant presque tous les aménagements et les constructions qui y ont été accomplis au cours du xixe siècle avaient cette des-tination. Mais ces travaux furent faits sans plan d’ensemble, et les principes muséogra-phiques n’étaient pas les mêmes qu’aujour-d’hui, ou plutôt il n’y en avait guère. Au fur et à mesure des enrichissements les collections se sont aménagées au hasard. Le résultat actuel est que le Musée est une sorte de mosaique où tous les départements s’en-chevêtrent. A vrai dire, cette diversité n’est pas sans charme pour le flâneur, ni sans utilité pour l’esprit studieux à qui des repos forcés sont ainsi ménagés. Mais elle complique extraordinairement l’étude scien-tifique et déroute le visiteur moyen. Pour ne prendre qu’un exemple, un visiteur qui veut étudier le Monet du Louvre doit par-courir un bon kilomètre après avoir monté et descendu quelques centaines de marches. D’autre part le Musée étouffe dans le Palais; 3 FIND ART DOC