PX. Art Vivanl CA14, POLONAISge qui sert de toit à la piste et oit passe un courant électri-que. Les véhi-cules peuvent donc aller dans tous les sens et le jeu consiste à les diriger les uns contre les autres et a organiser de petites catas-trophes. Mais quel est ce bruit formi-dable ? On di-rait quelque express lan-cé à toute va-peur… ma isnon ce n’est que la Conne de Paris dont les pas-sages au ras du sol rythment d’un bout à l’autre la vie du Parc des attrac-tions, arrêtons-nous un instant pour voir passer la pro-chaine rame et ses occupants angoissés, et en attendant nous pouvons regarder le curieux et violent Diabolic-Whirl qui lance en avant puis en arrière ses malheureux patients. Mais voici le théâtre algérien On ne conçoit pas d’exposition sans danseuses algériennes. Mlles Aicha, Fatma et lamina qui tiennent cet emploi sont à la hauteur de leur tâche, elles ont de beaux corps, de formes et de couleurs différentes ; elles exécutent avec maestria la danse du ventre et font avec un détachement charmant les gestes les plus lascifs, rythmés par un orchestre aux sonorités grêles et perçantes. Quand ces trois artistes ont terminé leur numéro une grande Espagnole vêtue de noir, aux traits rudes et aux gestes angu-leux leur succède, sa danse ne manque pas d’intensité, mais une annonce nous apprend bientôt que cette danseuse est un « homme-protée » M. Callao. Voici maintenant le Bol magique (Bow Slide? qui est sans doute, avec La Cascade, la plus amusante attraction de ce parc et non loin de là, La Chenille (Caterpillar): c’est une sorte de manège, de montagne russe tournant à assez vive allure ; les wagons sont recouverts, quand la vitesse a atteint son maximum, par une sorte de couverture de couleur verte qui donne à cette machine sinueuse une apparence de chenille. Sous cette tente sont placés de puissants venti-lateurs et des projecteurs et quand la toile se relève brus-quement le spectacle est souvent curieux. Mais voici longtemps déjà que nous marchons et ce n’est pas sans plaisir que nous arrivons aux sièges que nous offre le Théâtre des Sauvages. Pas très rassurant d’aspect ni de nom ce théâtre, entrons tout de même… Un grand diable de nègre qui est le chef ele la troupe et qui s’appelle M. Ernest hurle de longs discours en anglais. Puis le tam-tam et les cymbales se mettent de la partie et les danses commencent. C’est d’abord une sorte de course sur place qui est, nous dit-on, une danse guerrière, puis un grand nègre nerveux exécute une danse brillante et violente dont nous ne connaissons pas la signification. Voici maintenant un mangeur de verre, le spectacle est d’autant moins agréable que M. Green est un blanc, M. Ernest, lui, mange du feu, ce qui est, on l’avouera, des plus banal ; une danse générale termine ce rude et pittoresque spectacle. Nous voici arrivés devant le Carrousel qui est au bout du Parc des Attractions. Il est magnifique et pourtant il est peu fréquenté; peut-être n’est-il pas assez « moderne e, peut-être la foule ne vient-elle pas jusque là, toujours est-il que depuis quelques temps il a quitté ces lieux pour d ‘autresplus cléments. Ce n’était pas un manège pour rire les dragons, dans lesquels le public prenait— ou plutôt ne prenait pas — place, étaient terrifiants, et ce brillant édifice, de style baroque italien, était couvert de dorures, de sculptures, et de toutes sortes d’ornements d’une somptuosité ‘et d’une richesse qui surprenaient d’autant plus qu’on venait de voir les formes sèches et pauvres des constructions « déco-ratives modernes s. Duel émouvant dont l’issue ne lait aucun doute entre l’esprit <■ baroques et l'esprit géométrique, disait André Lhote en parlant de cette Exposition. En effet, l'issue de ce duel ne faisait aucun doute : le baroque a été vaincu et le magni-fique et symbolique carrousel est parti... Mais toutes les attractions ne sont pas dans le parc. D'abord il y a les cafés exotiques avec leurs orchestres, leurs chants, leurs danses mêmes ; il y a les dancings ; il y a enfin un second parc d'attractions beaucoup moins important mais qui contient le magnifique Théâtre Hindou. Ce petit parc situé à gauche de l'esplanade des Invalides possède trois attractions : un labyrinthe, un homme-singe assez pénible à regarder, et ce Théâtre Hindou qui mériterait à lui seul tout un article, j'espère d'ailleurs que l'éminent spécialiste des questions chorégra-phiques qu'est M. André Levinson l'écrira bientôt, moi je me contenterai de dire l'impression que m'ont faite les danseurs d'une si puissante originalité que M. Fortes a ramenés de l'Inde et des Hauts-Plateaux du Tbibet. Les danses des deux femmes ; celle exécutée avec des bâtonnets frappés en cadence; la danse barbare et violente de deux Cingalais; les lascivetés du jeune Hindou qui leur succède, et enfin les tour-noiements prodigieux et les magnifiques costumes des quatre Thibétains, sont d'une beauté dont je ne suis pas encore rassasié et, chaque fois que, poussé par je ne sais quel démon, je reviens à l'Exposition des Arts décoratifs Modernes, c'est devant cette scène où se perpétuent les plus antiques traditions asiatiques que je reviens toujours m'asseoir. CHARENSOL. NIANÊGI, ne LA sis PARISIUNNI, 142