figurants. Chacun savait bien pourquoi il portait celui-ci et pourquoi son voisin portait celui-là. Ils ne les eussent point échangés. C’étaient des costumes de famille, gardés chez soi, sortis pour la fête selon l’usage joyeusement solennel. Toutefois, ils ne s’y guindaient pas. Ce sont tout de même costumes de gens qui s’amusent, plaisantent, sautent, dansent. Ils font les fous dedans, en cadence, et selon des directives subsistant de génération en génération. Quelques-uns de ces cos-tumes mériteraient d’être dé-crits, pour la cocasserie de leur composition le contraste de la blouse et du chapeau haut de forme, le contraste de l’habit noir à queue sur un pantalon rouge à broderies d’or. D’autres, pour la grâce de leur coupe les souquenilles de tant de Pierrots qui n’al-laient point à la débandade, portant au bout de perches des insignes, des trophées, des fantoches, des, automates, des jardinières, et toutes les lunes drolatiques possibles, de cuivre et d’argent, fourbies et reluisantes avec l’intensité d’éclat que l’on ne saurait manquer de donnera’ tous les métaux en les maisons flamandes. Et aussi ces demoiselles de Namur à la robe verte sous le fichu et le tablier de dentelle blanche, croisés et épinglés, et leurs ombrelles à rayures vertes et blanches. Et puis, comme pour mieux marquer le caractère histo-rique et carnavalesque de cette fête, les Gilles de Binche apparurent, en finale de cortège, avec leurs authentique, costumes, à ramages de lions de, Flandres, à double bosse de Polichinelle, à étoles crépinées d’or et de grelots, à coiffures à panache de hautes plumes, sautillant et sifflant sur leur air spécial si strictement scandé. Cette américanerie d’un carnaval qui doit dater de la découverte de l’Amérique et de sa con-quête par les Espagnols, maîtres du Hainaut, survenait là bien pittoresque-ment aux yeux et à l’esprit, dans cette kermesse belge mêlée à la kermesse française des beaux soirs estivaux de Autre soir, autre fête celle-là de raffinement et d’élite, qui anima une nuit d’enchantement étudié, l’escalier monumental du Grand-Palais, grâce à de prodigieux cortèges théâtraux, séparés des spectateurs pour les mieux induire en visions féeriques. La conception de cette fête, qui eut lieu le 16 juin, était royalement versaillaise, à l’analyser. Pour le coup d’oeil des spectateurs assis, on amena sur le palier du haut, pour les faire descendre jusqu’au palier du bas, des troupes entières d’artistes et de figurants, de danseuses et de clowns défilé innombrable, avec poses sur les paliers intermédiaires. On y vit successivement: vert de luminaire et de costumes, chair de nudité athlétique, un harmonieux groupe de danses mêlées d’acrobatie —on grand voile agité à la manière primitive des flots de l’ancien Châtelet- devenu, grâce à la miraculeuse Laie Fuller, toute là mer déferlante — des marches, démarches, contremarches de mannequins de cou-turiers animant d’invraisem-blables robes merveilleuses par ce mouvement ondulant et déhanché que prend selon la mode le corps féminin en de telles circonstances — l’armée fourmillante et fidèle à ses consignes des girls denosrevues de music-hall dans leurs ma-nCeliVreS accoutumé. — un cortège de Jeanne d’Arc en chromo d’art .– un cortège de Saint Sébastien avec des per-sonnages de crèche et un saint de vitrail — une chro-nologie historique des comé-dies de Molière avec les dates prêchées et une petite pantomime appropriée à chacune en cul-de-lampe — une déboulante sarabande de clowns à laquelle le costume uniforme et cubiste des cinquante participants donna une valeur d’allégorie — une espa. gnolerie à châles, à éventails rouges à revers jaunes, à castagnettes, à  » toréador prends garde  » — et pour finir par une symphonie en blanc, un immense ballet de danseuses en tutus réglementaires. La richesse des costumes et des lumières devait produire l’éblouisse-ment ravissant. Les cortèges divers devaient provoquer par leurs sujets et leurs attitudes mille et une joies encyclopédiques. Encore que parfois piétinant, le défilé de ces cortèges prouva une orga-nisation remarquable, une discipline s’ordonnant de soi-même et s’enca-drant facilement dans les grandes lignes de la fête, qui répondit ainsi aux prévisions, eut peu d’impromptu, mais tendit à la perfection arrêtée et consciente. Mais qu’un escalier ne soit tout de même pas un théâtre, on s’en aperçut, malgré les ressources certaines qu’il offre à l’art théâtral… D’autres fêtes surviendront… Peut-être la plus douce encore est-elle celle de chaque soir ois il n’y a pas grand fracas, mais seulement vie illuminée de l’Exposition. LEGRAND-CHARRIER. 1.,,s ■:,1, DI: ru POIRET AMOURS, DÉLICES 1,1. oRGUES Photo Wide nywe LA TOUR EIFFEL Ln mes GRAND conne DE PUBLICITÉ DU MONDE et LA PLI/5,400ER. EXPRES-SION ARCIIITECTURUE DE ,’ExPOSITION 138