,ots ercâr,o Nous ne sommes pas sollicités par mille attractions communes. Mais si nous approchons ce meuble constellé de nacre, ce tapis dont l’amadou et la cendre sont pour l’oeil une moelleuse caresse, ou encore ce tulle léger, fumée ruis-selante d’argent pareil à la Méditerranée réveillée sous les lumineuses brumes de l’aurore, nous éprouvons d’instinct la grande joie intérieure que commande la beauté. Je ne sais pourquoi je songe irrésistiblement à Baudelaire, grand poète exotique, alors que ma pensée aurait pu s’élancer du seuil de cette salle vers telles pages de Delacroix, ou de Benjamin-Constant. Sans doute est-ce la sévérité heureuse d’un choix sans rémission, ni défaillance quglif invite à murmurer, comme au terme d’un illustre voyage, les vers fameux « iLà, tout n’est qu’ordre et beauté,  » Luxe, calme et volupté.  » Des riches couleurs chères à l’Orient, s’élève bientôt une somptueuse musique où vibrent tour à tour, puis ensemble, les tons acajou des céramiques, les fonds grillés des tapis, les impressions du velum taché de sang, puis, vers la coupole, le lustre à la fois mauresque et lombard, évocateur de fastes carolingiens, grande symphonie triomphale ois les triangles d’aluminium et de feuilles d’or heurtés par la lumière prolongent jusqu’à nous l’écho de la Chanson de Roland. On pense, sous sa lourde couronne, à Charlemagne et à la pluie des lances sarrasines sur la douce terre de France, alors qu’un sang lointain se mêlait déjà à notre sang. On remarque les fresques de Léon Cauvy. Ici, le puissant évocateur de l’Alger marin, de la Méditer-ranée barbaresque miroitante entre les cheminées des paque-bots, le peintre des marchés ruisselants d’oranges oh le petit âne long-velu semble brailler le latin d’Apulée, où le bélier allonge le profil des satyres et des prophètes, où le poisson des mille et une nuits palpite aux chaînes des balances, Au-dessus des tapis, des céramiques, des cuivres, des bijoux, des dentelles et des enluminures, ils se profilent avec des gestes essentiels qui rappellent les silhouettes des vases étrusques, les scènes murales des hypOgées. Si, après vous être penché sur une vitrine aux curieuses orfèvreries, sur un parchemin, une reliure, une miniature, sur un tapis, ou sur une poterie, vous levez les yeux vers la lumière, alors les fresques s’animent des couleurs mêmes de la vie. Mais, de la frise revenons au dallage. Ici, encore un magnifique artiste se révèle Delduc, héritier de cet art musulman qui prohibe rigoureusement les figures. Ne pas croire à ses rêves, car les images précaires de ce monde sont des rêves et passeront. A ces paroles magiques, toutes les légendes, toutes les fables, tous les mythes s’évanouissent. L’effort du céramiste Delduc est exceptionnellement original. On peut être surpris, quand on ignore, par le ton de ces carreaux, mais le plus profane s’habitue à leur couleur, on écoute les harmonies secrètes avec ravissement, on perçoit enfin les nuances à l’égal de l’initié. Elles rappellent, d’un ton assourdi, les couleurs des pote-ries kabyles sous l’émail, c’est la même ardeur végétale, ce ton de bois exotique qui tient à la fois de l’ébène et de l’acajou, mais où vibre toujours la vieille pourpre tingi-tane. Autre artiste, le peintre Heraig, plus dessinateur que colo-riste. Il est, lui aussi, dans la tradition de l’Islam : algèbre, géométrie, architecture, mathématique. Dans l’impossibilité où ils sont de recourir à la figure, les artisans arabes se sont absorbés dans d’admirables recherches de teintes, de nuances, de tons. Ici, l’art du tapis s’inspire’ de l’enluminure. Certaines pièces semblent transposer, du parchemin sur la trame, les belles images des manuscrits anciens. Leur richesse de coloris paraît incomparable. Cependant, à y regarder de près, cette flore et cette faune n’ont sur elle que quatre ou cinq couleurs. Et l’oisellerie, si chatoyante et si diaprée soit-elle n’est pas plus riche que l’arc en ciel. Ainsi de l’aurore à la nuit, le menu visage des heures !… Des modèles anciens, les bijoutiers et les orfèvres ont su tirer un excellent parti. Il est heureux de voir un artiste tel qu’Herzig fournir des modèles aux artisans kabyles dont, en rqoz, Eudel déplorait le regrettable laisser-aller. On ne peut qu’applaudir à l’influence exercée sur nos ouvriers arabes par un orientaliste de valeur. Ainsi un art barbare s’assouplit et se purifie. Le lourd bzahn s — reflet POTERIES ALS IDIES 131