LA BELGIQUE La participation de la Belgique à l’Exposition des Arts décoratifs est manifestement inférieure à ce qu’attendaient d’elle tous ceux qui la connaissent. Quand on pense aux efforts réalisés en Belgique depuis la guerre, dans la reconstruction des régions dévastées, dans l’édification des cités à bon marché, on reste effaré qu’aucune manifestation de ce genre ne se voie à Paris. Rien ici de nos tentatives d’architecture moderne, de l’aménagement des intérieurs ouvriers, des fermes de Flandre, des églises cubistes de Zonnebelte, Wavre-Sainte-Catherine, de celles de Capelle-au-Bois et de tant d’autres bâtisses qui sont venues apporter leurs couleurs, leurs masses harmo-nieuses, leurs conceptions pratiques et hygiéniques en des contrées qui, à l’armistice, étaient des déserts. Nos grandes villes à leur tour, pressées par la crise des logements enluminèrent leur banlieue de maisons riantes et claires, conçues par des architectes, dont Fceuvre diversifiée renduvelle sans cesse le plaisir que l’on éprouve à les voir. L’art moderne ! Qui ne se rappelle, en Belgique, la révolu-tion qui éclata il y a trente ans autour des maisons de Robé, de Balat, de Horta, des mobiliers de Serrurier-Bovy. Harmo-nisant le meuble à son cadre décoratif ces artistes pliaient le bois et le fer aux lignes de leur dessin. Vandevelde devait les suivre, puis aller en Allemagne se mettre à la tête du mouvement rénovateur. Que voit-os de tout cela à Paris? Rien. Vendes elde n’y montre même pas la maquette du Musée Krceller qu’il construit en Hollande, ni Horta celle du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles qui sera terminé l’an prochain. Rien non plus de ces jeunes artistes pleins de talent, groupés en société sons le titre caractéristique des urba-nistes et architectes modernistes ». Ni Bourgeois, ni Egerick, ni Hoeben, ni Rubbers, ni Van der Swaelmen, ni Verwilghen n’ont pu exposer. De Ridder a été chargé du stand des bijoutiers — et s’en est tiré à son honneur , Van Huff el, auteur de la future basilique, a un mobilier et Sneyers deux ameublements. Les artistes qui voulurent exposer, durent le faire à leurs frais. Comme la grande majorité recula devant la dépense, ils forent remplacés par des ‘commerçants et des industriels qui, prenant l’Exposition des Arts décoratifs pour une Exposition universelle, y envoyérent des faux cols et des manchettes, des imperméables, des chapeaux, des fleurs artificielles ou des rouleaux de papiers peints ! Et chose extraordinaire, ils obtinrent des vitrines et des mètres, des mètres de cimaise ! Encore si ces articles étalent extra-ordinaires, nous nous serions consolés, mais !… Pour bien préciser jusqu’à quel point les artistes furent écartés, racontons la belle histoire que voici : Plusieurs architectes de la société des urbanistes et archi-tectes modernistes, tous auteurs de cités modernes, avaient décidé d’ériger un village de douze maisons. Chaque archi-509