nocernent p ot,aphig. de M. H 0,1,00..00. UNE RUE A MARSEILLE. LOUISE OUVERIN des poupées assez perverses, des poupées nostalgiques et baudelairiennes ; elles ont des visages ravissants et souvent morbides, maquillés avec un art exquis, leurs mains par-faites sont des mains de belles oisives. Oui, poupées de salon, plutôt que poupées de nursery. Les petites filles sont déjà assez enclines à la coquetterie pour qu’on ne leur donne pas, pour compagnes, des personnes aussi séduisantes et aussi frivoles. Ce serait leur enseigner un peu trop tôt à manier le rimmel et le raisin. Mais dans les coeurs de vingt ans la petite fille sommeille encore et c’est pourquoi les jeunes femmes aiment asseoir dans leur cosy-corner ces amies qui leur sont de discrètes confidentes. Les poupées de Mme de Kasparek sont plus rassurantes. Elles n’en sont pas moins élégantes ; l’or se mêle non seule-ment à leurs costumes mais à la soie de leur chevelure. Ce sont des poupées en fête, des poupées qui ont de l’allé-gresse et, si l’on peut dire, de la joie de vivre dans toute leur personne. Mais les plus étonnantes de ces créatures d’or et de soie, ce sont les poupées de M. Wladimir de Morawski, visions de rêve, silhouettes hallucinantes et qui ne s’oublient plus… Une certaine divinité Marsienne, coiffée d’une chevelure verte faite de perles de bois semblables à des raisins acides munie de bras démesurés, adornée de bijoux, est de la plus audacieuse, de la plus démoniaque fantaisie. Elle n’est pas non plus à recommander pour la nursery mais les parents ont bien le droit, eux aussi, de jouertencore à la poupée. Sans doute peut-on s’arrêter encore de-ci, de-là à quelques autres maisonnettes mais ce qu’on y rencontrera n’est en rien différent de ce que nous présentent les mises en vente d’étrennes à la fin de chaque année. Si l’on veut rencontrer, à l’actif de jouet, quelques autres notes pittoresques il faut aller les chercher dans les sections étrangères. L’Italie, au Grand-Palais, a de fort expressives poupées d’étoffe qui sont souvent pleines de jovialité et de malice. Elles ne terroriseront pas les petites filles mais évoqueront à leurs yeux des personnages de contes fantas-tiques ; la poupée citrouille est inénarrable, l’élégante du Second-Empire semble échappée d’un livre de Mme de Ségur, la vieille Calabraise est, à elle toute seule, une histoire de brigands. La Sardaigne expose quelques jouets populaires qui sont agréablement naïfs. La Russie, en changeant de régime n’a pas beaucoup chan-gé de traditions. Les poupées russes qui s’emboîtent les unes dans les autres sont toujours faites sur le même modèle. D’autres poupées ont changé seulement de visage. Après avoir été taillées à l’image des Tzars, elles le sont à l’image des as de la Révolution. Les dieux changent mais le culte reste. La nation qui paraît attacher le plus de soin à la confec-tion du jouet, ce premier ami de l’homme, est la Tchéco-Slovaquie. Dans la Pavillon Tchéco-Slovaque, qui renferme tant de choses exquises et notamment des dentelles d’une prodigieuse finesse, les jouets occupent une large place. Ce sont des jouets en bois gaîment enluminés et joyeusement narquois. Il y a un Saint Nicolas entre l’Ange et le Diable que l’on aimerait avoir à son chevet. Il y a de naïves familles de canards, de lapins, de poules et de poussins, il y a des tor-tues qui se promènent sous des ifs, des chemins de fer et des maisons d’une candeur désarmante. Tous ces jouets sont aimables et de belle santé. Ils semblent être créés par des parents heureux pour des enfants heureux. Il faut noter aussi dans le même pavillon les jouets en perles de bois enfilées dans du laiton, ces perles et ce laiton suffisent à faire naître un étonnant bestiaire. L’araignée de mer s’y rencontre avec la couleuvre, la chouette est voi-sine du perroquet et celui-ci est magnifique avec ses ailes éployées et sa queue qui s’ébouriffe. Cette expression de la joie dans le jouet est si naturelle à ce peuple de bonne humeur qu’on serait presque tenté de classer dans cet ordre les savoureuses verreries peintes de Mlle Zdenka Braunerova dont les bêtes chimériques sem-blent être les soeurs aristocratiques et supérieures des bêtes-joujoux réservées à l’enfance. Les bêtes fragiles de Mlle Bran-nerova sont des jouets délicats pour les glandes personnes, des jouets qu’on caresse du regard et qui apportent à ceux qui les considèrent ce divertissement aimable, cette distrac-tion salutaire qui est précisément colle que le jouet doit nous dispenser. Sans doute est-il encore d’autres jouets qui se cachent dans le labyrinthe compliqué des Arts décoratifs. Souhaitons, s’il en est, que quelque révélation amusante s’y tienne en réserve, car dans tout ce que j’ai vu je n’ai pas rencontré l’idée neuve, l’étincelle de la trouvaille qui promettrait à nos enfants des étrennes mémoiables capables de fixer à jamais, dans leur souvenir, la date de l’Exposition de 1925 comme celle d’un événement magnifique dont, plus tard, ils parleraient encore au coin du radiateur, à leurs petits enfants. EDMÉE. 107