MANUFACTURE ROYALE DE PORCELAINE DE COPENHAGUE La Manufacture Royale de Porcelaine de Copenhague. fondée en mu par la reine Juliane Marie qui encourageait les artistes et favorisait les arts, a tenu à présenter à l’Expo-sition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes un ensemble digne de sa célèbre réputation et capable de la faire distinguer encore parmi des concurrents présentant aussi des objets particulièrement artistiques. La Manufacture Royale a fait édifier deux pavillons symétriques par M. Helveg Müller, architecte danois réputé. Ces deux pavillons sont reliés par une terrasse précédée d’un double perron, l’un est dit pavillon du roi et est consacré plus particulièrement à la porcelaine, l’autre nommé pavillon de la reine est réservé à la faïence. Dans le premier, on voit le buste du roi Christian coiffé d’un grand bonnet à poils et dans l’autre celui de la reine Alexandrine ces deux bustes sont en porcelaine blanche. L’architecte a eu une excellente idée de séparer ces deux pavillons car la foule s’y presse littérale-ment et après être resté un cer-tain temps à admirer les produits exposés dans le premier pavillon on peut aller respirer sur la ter-rasse avant d’entrer: dans le second oh la foule est aussi dense. Nous avons eu le plaisir de rencontrer M. Dalgas adminis-trateur en chef de cette fabri-que et celle de M. Helveg Müller lors de leur passage à Paris; il faut avoir fréquenté des Da. nais pour apprécier leur extrême amabilité. Mademoiselle Dalgas a tenu à nous faire visiter elle-même les pavillons de la manu-facture qu’administre son père avec M. Chr. Joachim comme di-recteur artistique. Cette gracieuse jeune fille a été pour nous un guide précieux car elle connaît non seulement fort bien la f abri. cation, mais aussi le français et c’est avec aisance qu’elle nous a présenté les objets exposés en employant des termes exacts pour nous faire remarquer les difficultés surmontées et les résultats obtenus. Elle nous a avoué qu’elle était très heureuse de pouvoir rester six mois à Paris parce que cela lui permettrait de parler mieux encore notre langue. L’architecte a tenu à une grande simplicité dans la forme et la couleur des pavillons. Ils sont de forme rectangulaire avec façade principale légèrement ronde et toute vitrée pour former une devanture coupée par use grande porte d’entrée à deux vantaux garnis de glaces et munis de tiges de cuivre qui protègent ces dernières ; une seule porte latérale également à deux vantaux garnis de glaces permet, de la terrasse, l’accès à chaque pavillon. Les deux bâtiments sont de ton gris très pâle avec soubassement en gris très foncé comme les marches des escaliers des portes et cellès des perrons ; cette couleur grise est rompue par le ton vert pomme des portes et des parties basses des bancs de la ter-rasse qui ont eux-mêmes leur partie supérieure peinte en gris foncé comme les piédestaux des statues et des vases ornant les salles et cette terrasse. Les façades sont surmon-tées d’un étroit bandeau de couleur bleu vif sur lequel se détache en lettres minces en relief et dorées le nom de la manufacture. Aucun ornement autre que les armes du Danemark, surmontées de la couronne royale sculptées, peintes et dorées ornant la porte principale de chaque pavillon. Ces deux constructions sont couvertes par une toiture plate avec large saillie sur la façade vitrée pour la protéger de la pluie et du soleil. Chaque pavillon forme une salle unique d’une beauté aussi sobre que celle des extérieurs. Les vitrines non fermées sont d’un ton gris perle avec plinthes et ban-deaux en gris foncé, elles sont surmontées d’une partie pleine formant frise d’un ton crème extrêmement clair soutenu de marbrures dorées. Les façades des pavillons sont bien en rapport avec l’amé-nagement et la décoration simples des salles d’exposition. L’élégance sobre des intérieurs ne peut que faire valoir la beauté des objets exposés sous une lumière tamisée par l’auvent surmontant la façade arrondie et entièrement vitrée. On ne peut que féliciter l’architecte, M. Helveg Müller de son heureuse inspira-tion car l’ensemble donne l’im-pression d’un style moderne dé-licat et sans prétention. Sur un piédestal placé en avant, au milieu sur la terrasse s’élève une statue assez hautes le Potier, par M. Jais Nielsen jeune artiste attaché à la manufacture. Nous voyons tout d’abord dans les pavillons les animaux en por-celaine blanche inimitables que nous avons si souvent admirés et qui sont si connus, quelques-uns dûs à M. K. Khvn, qui s’est spé-cialisé comme animalier et surtout dans les singes. A citer également deux grands vases en porcelaine blanche dé-corés sous émail. L’un repré-sente des barques de pêche danoises sur une mer calme, sous des nuages longs et est signé par M. Benjamin Olsen ; l’autre avec un vol de cygnes en perspective de grandeur de plus en plus forte est signé par M. V. Th. Fischer. Les petits vases en porcelaine flammée psi M. Proschowshy sont particulièrement remarquables : les uns sont en porce-laine blanche avec parties couvertes de givre exactement semblable à celui des vitres en hiver. Les porcelaines blanches ou grises, craquelées, décorées sur l’émail sont représentées par des plats, des bols et des coupes avec ornementation ou fleurs en or fin et par de jolis petits vases à décoration dorée et personnages en grisailles rehaussée d’or, dûs à M. Thorkilil Olsm. Dans la porcelaine grise décorée sous l’émail au grand feu, d’un ton presque blanc nous mentionnerons un vase très riche de forme et de décor avec couvercle à filets, à guirlandes de fleurs et médaillon d’un ton gris fer avec une légère pointe de bleu, des grands plats avec une plante très détaillée au premier plan se détachant sur un paysage également du même ton gris légèrement bleuté, ces folies choses composées et exécutées par M. Oint Jensen et des statuettes représentant HE COPENHAGUE 93