ssavico DE JEAN LUCE pièces uniques, lesquelles font l’ornement des vitrines de nos musées, à moins que quelque amateur plus ou moins épris de spéculation ne les garde jalousement. I,a céramique d’usage courant, celle dans laquelle on trempe sa soupe et qu’on a le droit de casser sans subir de ruineux dommages, nous la verrons peut-être, dès l’an prochain, se fleurir de beauté nouvelle. Pour l’heure, au bazar du coin, celle que l’on expose en permanence n’a point de grâce, ni d’honneur. Quant à ceux de nos lecteurs qui n’auraient point eu le loisir de con-naître les fortes paroles de Socrate à Hippias d’Élis, voici : •• Une belle mar-mite, n’est-ce pas une belle chose ?… Une marmite fabriquée par un bon potier, bien polie, bien ronde, bien cuite, comme ces belles marmites à deux anses qui contiennent six courges et qui sont si belles… » Au point de vue technique, les pro-duits de la céramique sont à classifier en terres desséché., terres cuites, faïen-ces, grès, porcelaines et barbotines. • Les terres desséchées forment toute la poterie des temps antiques et des peuplades barbares d’aujourd’hui. Ce sont à la vérité des terres cuites, mais cuites par la vertu d’une simple expo-sition au soleil, et façonnées unique-ment à la main. Elles ont leur charme, leur valeur. On n’en voit point à l’Ex-position internationale des Arts déco-ratifs et industriels modernes. Les terres cuites, composées d’une pâte argilo-sableuse et mise au four, mates, sans glaçure, ce sont nos bri-ques, nos tuiles, nos pots à fleurs, quelques-uns de nos objets d’art. Les Grecs et les Etrusques ont fabriqué, dans cette catégorie, des poteries dites lustrées, revêtues d’une mince glaçure silico-calcaire, afin d’obvier à la porosité d’ustensiles destinés à contenir des liquides. Le troisième état, c’est la terre cuite à glaçure plombifère, dont le centre de production fut Avignon. Le quatrième et dernier, c’est la poterie émaillée, à glaçure stannifère (c’est-à-dire à base d’étain), nos faïences commu-nes, nos majoliques. On admet généralement que, dès le vine siècle, l’Asie a connu la véritable faïence à émail stannifère. Le secret en aurait été transmis aux Arabès qui, eus-mêmes, l’auraient vulgarisé à travers l’Europe. Au rxe siècle, on fabriquait à Venise des demi-majoliques, faïences revêtues, comme celles d’Avignon, d’un vernis à base de plomb, et préala-blement trempées dans de l’argile blanche destinée à masquer la couleur de la terre. Maintes statues et bas-reliefs de Lucca della Robbia, au commencement du xv’ siècle, sont revêtus d’authentique émail stannifère. CUISINE, PAR IIAIDEI,EINE SONGEZ. ÉDITÉE PAR ,vmua El, 88 lia faïence fine, à laquelle on a donné encore les noms de porcelaine opaque, terre de pipe, cailloutage et lithocérame, est un composé d’argile blanche et de silex pulvérisé. Le pro-cédé en fut connu en France dès la fin du xm. siècle. Il n’était plus nécessaire désormais de faire usage d’un émail opaque pour masquer la couleur terreuse de la pâte de faïence commune. I,a faïence fine, blanche, dont on verra de purs échantillons dans le pavillon Sue et Mare, n’est revêtue que d’un vernis vitro-plombique, lequel fournit une glaçure