SAL4E DL BAIN, PORC.R LA CÉRAMIQUE Quiconque a des yeux pour voir est en mesure d’apprécier le galbe d’un vase, le coloris d’un décor d’assiette. Mais une exacte évaluation des mérites d’une oeuvre d’art appliqué nécessite sans doute d’autres facultés, une certaine con-naissance des lois techniques opposées ou favorables à la production d’effets qu’il serait imprudent de juger sans tenir compte de la notion matière. Un peintre, un sculpteur, un graveur, disposent de moyens relativement directs de par-venir à une évocation d’absolu. Un décorateur a une lutte plus périlleuse à soutenir contre l’inertie, l’opacité, la pesan-teur de la terre ou du fer par exemple, ou l’ardeur brutale du feu. Certes, les chefs-d’oeuvre de la -peinture, de la sculpture, de la gravure, garderont toujours à nos yeux leur valeur d’actes surhumains. Et nous ne prétendons pas le moins du monde porter atteinte au prestige de ceux-ci en réclamant, à l’égard des oeuvres d’art décoratif, une attentive et préa-lable considération de leur technique et, envers le décorateur, la volonté de ne point dédaigner l’appréciation de qualités d’adresse, de tour de main — en un mot, de métier. Il y a beaucoup de céramique à l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes. Il y en a au Grand-Palais, dam les six secteurs qui lui sont réservés à droite de la salle des fêtes de Letrosne. Il y en a dans la plupart des stands, des pavillons, des boutiques. Il y en a même en plein air. A telles enseignes que M. Henri Clouzot, l’éminent conservateur du Musée Galliéra, n’a pas craint de prononcer Photo G.G. Manuel lehe le mot de prédominance.  » Mais saurait-on reprocher à nos potiers français, ajoute-t-il, une fierté légitime, quand on voit à quel point de perfection ils ont amené depuis vingt ans les arts de la terre et du feu ? Sans doute, à toutes les époques, l’humanité a été sensible à la beauté de forme et de matière dans ces ustensiles familiers qui sont liés â sa vie la plus intime, et Socrate a dit là-dessus de fortes paroles à Hippias d’Elis. Mais jamais, comme de notre temps, le goût pour les émaux chatoyants ou les galbes purs des vases n’a été aussi impérieux ni aussi universel. Ce ne sont plus seulement les curieux et les princes, comme aux siècles passés, qui ornent leurs demeures de porcelaines, de faïences, de grès, mais le plus modeste intérieur s’égaie de leur décor séduisant. Car, de toutes les catégories de nos industries d’art, la céramique est certainement celle qui peut s’abaisser aux plus étroites limites du bon marché, sans perdre la pureté de ses formes et la distinction de son décor.  » Le plus modeste intérieur… c’est peut-être un peu trop d’optimisme. Les productions de la céramique à bon marché n’ont point encore cessé d’être d’une vulgarité de décor désespérante. Quant à la pureté des formes, mettons qu’elle est tant familière à nos yeux qu’ils ne l’aperçoivent plus. Nos potiers français, dont on a raison de proclamer légitime la fierté, ont assurément, depuis vingt ans, considérablement perfec-tionné les arts de la terre et du feu. Mais ils ont surtout songé à gagner largement leur vie à élaborer de très précieuses 87