SERI». PYJAMAS, CR,VATES, FOULARD chemise de crépon blanc ou écru, je ne me souviens plus bien, mais clair. Elle a su allier le faste et la modération. Les deux systèmes de rayures, qui sont noires dans le sens vertical et orangées dans le sens horizontal, dessinent en se ren-contrant un carreau de vaste dimension. Et pour échapper à la fatalité de ce carreau, David a inventé un arrangement de courbes légères, noires et orangées. Les robes de chambre sont magni-fiques, les pyjamas somptueux. Salut, princes et maharajahs ! L’homme qui est simple dans la rue, et se couvre chez lui de ces soyeuses splendeurs, n’est pas une bête. Le col cassé que l’on met avec le smoquin ne sera plus trop bas. L’angle que dessinent ses deux cassures est bien ouvert. Les grands ouvriers, dans le col double, dédaignent de laisser aux deux pointes un excès de longueur et d’acuité. Le col cassé imaginé par The Sport, avec ses deux cornes en forme de marteau est une pure folie…. Mais la petite oie, mon cher ami, ce n’est pas toi, même si tu as tiqué tout à l’heure devant cette expression, parce que tu n’as pas lu Molière ni le Père Bou/tours. La petite oie, c’était en ce temps-là tout l’ornement, la décoration du costume: les canons, le jabot, la den-84 ET ROBES DE CRAME.. telle des manchettes, les rubans de la veste. Notre costume n’en a pas. Sa beauté est uniquement celle que la ligne peut ajouter à l’utile. Dans les classi-fications que la critique de la mode a lieu d’introduire, il sera pourtant com-mode de ranger sous ee vocable un cer-tain nombre d’objets qui complètent notre semblant: la canne, le briquet, le porte-cigarette, le portefeuille, la bague, l’épingle, la jarretelle, la ceinture, les bretelles (si tu en portes encore, comme je te le conseille, avec l’habit et lesmoquin, et elles seront noires ou grises, avec des initiales de couleur). Nous avons même un vestige de la petite oie, c’est la cravate. Elle est fonc-tion de toutes les autres Pièces du cos-tume, ne l’oublie pas, et si tu es l’amour des couleurs vraies, c’est le seul point où lu pourras contenter ce goêt. Les cra-vates de l’Exposition obéissent aux deux inclinations du moment; elles sont carre-lées ou flamboyantes. Une canne, c’est un jonc. Une canne, c’est un rotin. Une canne, c’est une branche de merisier ou de noisetier. Originairement, une canne est un billon. C’est une branche d’arbre coupée et par. Mais parée le plus simplement possible, aujourd’hui, bien qu’Antoine, Delpeuch, Degobert aient ici des objets de vitrine ou de musée, des rhinocéros et des hippopotames translucides, des amourettes tachetées, des pommeaux en lézard, et cette curieuse poignée farallé-lipipédique en galuchat, à filets d’ivoire. Le sceptre des rois d’Homère et la haute baguette du Roi Soleil ont ce successeur non moins magnifique. Tu rencontreras à l’Exposition des porte-cigarettes d’argent vastes comme une pelle, ou réduits à la taille d’une petite botte. Il en est de cuir aussi ; maroquin pour le soir, en porc ou en vache pour accompagner tes complets. Hermès en a deux entre lesquels il est difficile de choisir. Royaux. Il n’est pas plus facile de les dépeindre. L’un ressemble à un porte-monnaie plus vaste. L’autre, quand il s’ouvre, prend la forme d’un chevalet qu’on peut poser. Le fauve ou le rouge de tes cuirs est à crier d’admiration ou tomber en rêverie. Continue. Promène-toi. Achète, si tu le peux. En tout cas, contemple. Moi, je te laisse. On n’en finirait pas. Et je signe, ma /oi, en toutes lettres. Puisqu’un Balzac, puisqu’un Stendhal, puisqu’un Bourget se sont plu dans l’amour de ces objets frivoles, ni toi ni moi n’en serons déshonorés. Eugène MARSAIS%