Qu’importe le flacon ? allez-vous dire. Non, pour cette fois, qu’importe le parfum ! Nous savons qu’il sera toujours doux et subtil, capiteux comme un jardin de mai et qu’il fera mollir nos cœurs. Un arome aussi précieux ne se doit-il pas d’être ‘enfermé dans des vases de choix? Mais avant de parler kaolin, cristal ou pâte de verre entrons d’abord au Grand Palais. C’est là que nous trouverons, retirée comme un sanctuaire, la demeure des parfums. Voici un petit 1 hall octogonal cou-ronné d’une cascade lumineuse que le maître verrier Lalique exécuta. Au centre du hall, des stands groupés en forme d’étoile distribuent leur vitrine. D’autres épousent le pourtour inté-rieur de l’enceinte, ceux-ci pour la plupart précédés d’une manière de salon minuscule que le goût d’un décorateur agrémenta. Tournez à petits pas dans ce musée de verre, dans ce musée argent et mauve, or et gris où tout n’est qu’éclat, finesse et préciosité. Le parfum est un luxe auquel s’adapte naturellement le décor léger, de féminine fantaisie, le bibelot fragile qui semble avoir été façonné par les doigts de petits dieux malins; et puisque nous paraphrasons les poètes. chan-tons ce luxe auquel s’adapte l’objet incorrect, ridicule et charmant. Flacons, écrins, boites, étuisetsachets; poudres, fards et vernis, nous allons trouver tout cela pré-senté dans des maisons de erre, à l’en-seigne, en let-tres de feu, de magiciens par-fumeurs. . 11 ne tient qu’à nous d’i-maginet dans son cadre, en l’occurrence la chambre de Madame, sa coiffeuse ou son cabinet de toilette, le bi-belot choisi qu’on nous présente, car il DES 13-4-ti,Pty-4,s, Photo te STAND VIDE. ET LA CASCADE DE VERRE, PAR LALIQUE Photo Arp STAND HOUDIGANT CRÉATION DE DOMINIQUE en est de la forme d’un flacon comme de la couleur d’une étoffe, de la fantai-sie d’une robe ou d’un chapeau, ou encore d’un bouquet ou d’un livre. Il sied qu’il puisse convenir par son galbe et dans son essence à celle à qui on le destine. Offrez à votre aïeule ce cœur san-guin des parfilons de Rosine, ce cœur gonflé d’odorante tendresse et qu’un nœud de cristal débouche au sommet gauche. Ce cœur, il est Médicis par sa gaine blanche adhérente à l’écrin, la-quelle le fait tenir à la fois du passé, de la pâtisserie fine et de l’ex-voto. Mais de plus jeunes fantaisies animent la vitrine des parfums de Rosine. Ce stand est justement tout fantaisie. Voici Pierrot et Arlequin : Pierrot stylisé avec son crâne noir et sa collerette discrète sur son corps de cristal; Arlequin tel qu’il sor-tirait d’une boite à couleurs portée par Picasso, synthèse d’Arlequin indiqué par sa verrerie en losange à deux tons et son bouchon-bicorne. — Succédané du cubisme un flacon en forme de huit contient peut-être l’essence compliquée d’un art indéchiffrable. Mais voici qui nous relie au vieux temps dans la note toutefois d’un naguère assez moderne de lourds flacons décorés d’herbes et de fleurs. — Ici, une portée de mu-sique qui tour-ne en ruban sur une boite cylindrique harmonise « Connais-tu le pays ?  » Sou-levez le cou-vercle de la boite. Du pays où fleurit l’o-ranger Rosine apporte un beau citron. Avec lui va de pair « Nuit de Chine « . Tous deux se présentent en-core couchés côte à côte. minuscules et délicats dans une valise de poupée prête au départ. C’est l’invita-tion au voyage. ,NTRÉÉ DU STAND oui CRÉATION DE DOMINIQI