d’argent massif exécutées entièrement à la main et re-poussées au marteau suivant les anciennes méthodes ; elles ne seront industrialisées que plus tard par les puissantes machines des Usines de Paris et deSaint-Denis, de Neuchatel et de Milan. La note tonique, pour nous résumer, de cette Exposition, c’est la sobriété et la discrétion ; aucune surcharge d’aucun genre, aucune superfétation, aucune exagération, rien d’inutile ni de superflu. Et c’est là qu’elle est bien l’expression de l’esprit d’aujourd’hui et le caractérisera demain, oserai-je ajou-ter; car, quelle que doive être dans un ‘avenir prochain l’orientation de l’art décoratif français, je ne crois pas me tromper en affirmant qu’il ne s’écartera plus de l’espèce de simplicité raffinée, du respect de la matière, du souci de mesure et de logique qu’il a mis si longtemps à conquérir. Sans doute nous voici loin de l’art des Germain et des Thomire ; chaque époque a ses traits dominants, ne médisons pas trop de la nôtre. Voici le surtout en métal argenté composé par Dunaime, avec ses perroquets de cristal, sa fontaine d’albâtre éclai-rante et ses jets d’eau emperlés de cristal ; celui de Luc Lanel, en bronze doré, avec ses miroirs d’eau en glace, ses-jets d’eau en cristal de roche et ses bouquets en lapis-laruli ; celui, enfin, deGeorg. Caves, en métal argenté, avec ses jardinières et ses coupes en,cristal fumé, et ses bouquets: de fruits éclairants. Partout rè-gne le sens des proportions le plus délicat et le plus franc, partout est réalisée avec la plus exquise sûreté l’union des différentes matières em-ployé.. Et si, de ce genre de pro-ductions, nous passons à l’or-fèvrerie usuelle nous y retrou-verons les mê-mes qualités enrichies, comme il convient, d’un souci de simplicité et de pureté formelle encore plus vif n’est-ce pas, en effet, la véritable beauté et la véritable richesse d’un objet d’usage courant qu’il donne l’impression première de ne pas être différent d’un autre, d’être presque banal et ordinaire et que sa supériorité soit faite de mérites aux-quels un homme de goût peut être seul accessible ou dont il sera seul à sentir d’abord, tout le prix ? Je pense, en écrivant ces lignes, aux modèles de coupes, de timbales, de légumiers, de services à thé, de poudreuses à sucre et de boites en argent exécutés avec le concours de MM. Christofle, par Christian Fjerdingstad. Danois d’origine, mais plus que Français de cœur puisqu’il a versé son sang pour la défense de notre pays, MM. Chris-tofle ont bien fait de s’amurer le concours de ce très original artiste; en lui confiant la direction de leurs meilleurs ouvriers, et en le mettant à même d’utiliser leurs puissantes forces productrices ainsi que les ressources de leur expérience. L’on ne peut rien imaginer qui soit plus simple, plus dépouillé, plus sûr, et en même temps plus savoureux, plus abondant, plus riche que les orfèvreries de Fjerdingstad. A quoi cela tient-il ? D’où provient ce charme incomparable ? Comment se fait-il qu’émane d’objets en argent martelé aussi dénués d’art, en apparence, du moins, une aussi irrésistible séduction ? De ce fait, premièrement, qu’on les sent, et qu’ils sont vivants, qu’ils respirent la spontanéité, la joie, l’émotion, la fièvre créatrice de celui qui les a, de ses mains, engendrées, en bon artisan connaissant à fond toutes les ressources de son métier, et qui, tout en se gardant de les outrepasser, excelle à en tirer le plus large parti, et à les pousser à leurs extrêmes limites. Secondement, de la stricte adaptation des formes eux nécessités de l’objet et de l’amour de la matière pour ses qualités intrinsèques en dehors de toute considération esthétique préconçue, dont il apparaît clairement qu’était animé l’artiste pendant qu’il les exécu-tait. Les détails exquis de cette coupe, de ce légumier, de cette théière, de cette boîte, de cette timbale, — qui déjà nous émerveillent par leur savante et vivante pureté de ligne — ne dirait-on pas qu’il les a trouvés, inventés, au fur et à mesure qu’il les façonnait ; tels enroulements du métal, tels amortissements de certains plans en rejoignant d’autres, tels ajourements opportuns, telles façons de fixer au flanc d’une cafetière ou d’un sucrier une poignée de bois, n’est-il pas vrai qu’on les sent comme nés au bout de l’outil, au gré de l’inspiration du moment, et non point préparés par de patients graphiques ? Cet art est à la fois primesautier et volontaire, et celui qui le pra-tique peutêtre considéré comme un des meilleurs orfè-vres d’aujourd’hui. Est-ce à dire qu’il faille at-tacher une moindre impor-tance aux créations de MM. Paul Follot, André Groult, Georges Chevalier, ou d’autres collaborateurs ano-nymes. Rien ne serait plus injuste. Paul Follot mène depuis trop longtemps le bon combat pour la renaissance des arts décoratifs français, il a fourni GRANDE TIMBALE GOURE ovALe. ANSES ET PIED TUBE ORPÈVRERIE CERISTOPLE 75