VERRERIES SUÉDOISES D’ORREFORS Un fin connaisseur, un érudit, M. Erik Wettergen, direc-teur du département des Arts décoratifs au Musée National à Stockholm écrivait, en avril dernier, à MM. Simon Gate et à Edward Hald, artistes verriers suédois, une longue lettre qui débutait ainsi Chers amis, « Avant de vous voir partir avec vos œuvres fra-giles, pour le Marché de la Beauté à Paris, je voudrais vous adresser un salut d’adieu. — Que vous êtes enviables! — Quand je songe à mes amis artistes, et vous compare à beaucoup d’au-tres, j’ai l’impression que vous avez tiré le gros lot au jeu de hasard de l’art et de la vie, et ceci non pas parce que votre travail à Orrefors vous permet de jouir d’une honnête aisance — combien de vos collègues ont-ils d’ailleurs ce privilège ? — mais par suite de la convic-tion que ce travail s’accom-plit dans une juste mesure de liberté et de contrainte et de l’assurance que ses fruits apporteront de la joie au coeur du connaisseur délicat ainsi que sur la table du homes oit le beau a autrement si peu ,l’occasion d’entrer. Cette lettre charmante aurait retenu notre attention si VERRE WORREFOR VERRES D’ORREFORS nous n’avions déjà admiré, il y a quelques années. le magni-fique objet d’art en cristal offert par la Ville de Stockholm à la Ville de Paris. M. le Consul jalon Ekman de Gôteborg, ayant une cer-taine fortune, homme de beaucoup de goût, ne pouvait, en effet, après avoir acquis la petite Verrerie d’Orrelors perdue au milieu des forêts de Smaland, rester le propriétaire d’un établissement qui ne fabriquait que des verres ordinaires servant au besoin des gens les plus humbles, des bouteilles pour l’encre et du verre à vitres ; le tout d’ailleurs, d’une production insignifiante. M. Johan Ekman réunit d’abord des chefs de fabrication remarquables et les meilleurs ouvriers, puis fit appel à deux 72 artistes dont l’un s’était distingué comme peintre dans le genre impressionniste et qui devint rapidement un habile verrier ; ce sont MM. Sinvnt Gate et Edward Halé dont on peut admirer lesceuvres à la Section Suédoise au Grand Palais. Chacun de ces artistes conserve son genre particulier, ce qui contribue à donner une certaine variété .x objets fabriqués à Cirre-fors. Tandis que les motifs d’orne-mentation de M. Gate sont dans la manière du c baroque ceux de M. Hald sont volontai-rement raides, comme des rayons lumineux ou de l’eau jail-lissant d’une fontaine. Ce der-nier a, d’ailleurs, une note plus moderne, il mêle aussi des nègres avec des singes FLACON ET vannes D’ORREFORS et des lianes, fait des vieilles fem-mes avec d es vaches fuyant sous l’orage, compose des matelots accompa-gnant des femmes plantureuses et qui contemplent un magni-fique feu d’artifice, il y ajoute encore des lunes, des étoiles. VERRES FT FLACONS D’ORREFORS L’affluence devant les objets exposés, l’attention des visiteurs, les nombreux achats faits devant nous montrent que le succès prévu par M. Wellergen, Directeur des Arts décoratifs au Musée National à Stockholm, a dépassé toutes ses espérances. La Verrerie d’Orreturs acquerra encore une réputation plus grande par sa belle participation l’Exposition Internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de Paris. Antony GOISSAUD.