laquelle le regard s’attache. C’est le seul grand parti que l’on ait pu obtenir. Les maîtres jardinistes ont utilisé de leur mieux l’espace que les architectes ont bien voulu leur abandonner en-tre les pavil-lons. Mallet Stevens, pro-bablement avec une arrière-pensée de bla-gue, voulant à toute force des arbres, les a imaginés en ci-ment armé; les autres ont fait ce qu’ils ont pu avec des arbus-tes, des pergo-las, du treillage. En somme, les jardinsquencus présente l’ Ex-position ne sont point à propre-ment parler des jardins; ce sont des décorations fragmentaires et provisoires dans lesquelles d ‘ailleurs il y a beaucoup d’idées intelli-gentes et neu-Entrons par la porte de la Concorde et commençons notre promenade dam l’ombre du Cours-la-Reine, et, en nous rappelant les difficultés que nous avons signalées, regardons autour de nous. Le jardin de Laprade qui se trouve à l’extrémité du Pavil-lon de la Ville de. Paris est inspiré des jardins d’Espagne. C’est en réalité un bassin rectangulaire en carreaux de faïence verts et blancs, dans lequel reposent cinq massifs de fleurs et des plates-bandes; les carreaux forment comme des rigo-Photo API Vivant 1,0 JARDIN DE VACHER. PA. Art Vivant LE nnssrs DE LAPRADE les dans lesquelles circule une mince nappe d’eau oh quelques pots de fleurs sont au frais. Chaque massif est surmonté d’une volière destinée sans doute à abriter perruches, oiseaux des 6o îles. Avec les fleurs et les faïences, les oiseaux composeraient une harmonie délicieuse. Malheureusement cette harmonie ne s’accorde guère avec la galerie aux colonnes de marbre mauve élevée tout près de là par les Marbriers de Saint-Pons. L’arrangement autour du Pavillon de la Ville de Paris est d’une correction parfaite. On le doit à M. Forestier, direc-teur des jardins de la Ville. Il a tracé le long du Pavillon une large allée sous la voûte des arbres; il a élevé entre chaque fenêtre, au-dessus d’un parterre de pâles hortensias, des ifs taillés en boule ou en cône élancé, qui, avec les bas-reliefs de Bernard, font paraître les murs moins blêmes sous les ombrages. Plus loin Marrast avait à utiliser un repli de terrain. Il s’en est servi avec infiniment d’habileté et de goût. Dans le creux il a fait courir un chemin dallé, traversé dans toute sa longueur par une rigole qu’alimente un bassin en demi-cercle, surélevé et rejeté à une extrémité. Il a orné l’un des versants avec de grandes touffes de rhododendrons, il a entouré les arbres de l’autre versant avec des rosiers grim-pants; sur un côté du chemin il a placé des bancs et de gran-des jarres en ciment d’un heureux effet, remplies de fleurs et de légers feuillages. L’endroit ne manque ni de charme, ni de pittoresque. Il offre un détail particulier : entre les dalles irrégulières, Marrast a fait pousser du gazon qui accen-tue leur dessin et ajoute encore de la fraîcheur. Le dallage des Alpes-Maritimes « , quoiqu’il présente la même dis-position, offre une impression de sécheresse. La valeur d’un détail ne dépend-il pas du milieu qui l’entoure? Entre l’allée du Pavillon de la Ville de Paris et le jardin de Marrast, il y avait un grand espace rectangulaire; la Société Pour les jardins  » s’est chargée de le décorer; les fleurs qu’elle a apportées sont très belles, mais elles sont arrangées avec une mignardise un peu niaise, que signifient ces cor-beilles e ces paniers, posés sur le gazon comme sur un buffet de mariage? Dans le fond en demi-cercle, M. Delamarre a placé sa fontaine. Elle ressemble de loin à un clocher gothique, de près à un faisceau de crayons, lesquels sont en réalité de longs parallélipipèdes encadrant quatre cartouches rectan-gulaires en hauteur avec figures de femmes assez gracieuses. Au milieu de chacune des faces de sa base massive, est plantée une poutre dorée par laquelle l’eau jaillit dans le bassin. Il ne faut pas oublier d’aller jeter un coup d’œil au jardin de Monaco. Sur un très petit espace, une simple bande de terrain le long du pavillon, on a planté, entre des pierres Photo An VI.. LE JARDIN Do MATOUS »‘ meulières, et sur un fond de terre ocrée, toute une variété de plantes grasses; elles se penchent avec une nonchalance paresseuse et satisfaite; elles évoquent les pays sans hiver,