LA MODE Photo lup FOURRURE D MEVER MANNEQUIN DE VIGNEAU (SIEGEL, ÉDITEUR) La Section de la Mode à l’Exposi-tion comprend d’une part la classe du vêtement au Grand-Palais, et d’au-tre part, le Pavillon de l’Elégance. On conçoit facilement, lorsqu’on s’est promené quelques instants dans les travées du Grand-Palais, que certains couturiers, soucieux de leur renommée, aient voulu être repré-sentés ailleurs que dans un endroit aussi mélangé. Il serait pourtant injuste de dire que tous les modèles qui y sont expo-sés soient laids. Il en est même de fort réussis, mais l’impression géné-rale qui s’en dégage n’est guère heu-reuse. Pourquoi ? Le cadre ? Il est quelconque. Sans doute, Mme Lanvin, aidée de MM. Fourney et Rateau, a-t-elle fait tout ce qu’elle pouvait pour donner à ces unités hétérogènes un air d’ensemble, et faut-il la remercier de ce que tout cela n’est pas pire encore. Mais, à moins de créer pour eux des modèles, comment éviter que les exposants pposent, c’est-à-dire étalent des horreurs aux yeux indifférents du public ? Il règne dans cette section une extraordinaire atmosphère de dépareillé et d’effort malheureux. On a l’impression que tous ces gens se sont torturé l’esprit pour arriver à faire nouveau, et qu’ils sont avec peine parvenus à faire excen-trique et laid. Exposant côte à côte et sachant vraisemblablement com-ment ils seraient encadrés, ils ne se sont même pas concertés pour obtenir un ensemble de couleurs. On ne peut imaginer la désharmonie engendrée par ces contacts imprévus. Seules, quatre ou cinq maisons ont DÉSHABILLÉ MANNEQUIN DE IMEUILLET DE SIEGEL Phob RtÉ ROBE DE PAUL POIRET MANNEQUIN DE vmxenn (siénzt, ÉDITEUR) compris l’intérêt qu’il y avait à posséder des stands monochromes et ce sont naturellement Lanvin, Callot, Worth, Paquin, Jenny. Les autres, même celles qui exposent assez de modèles pour posséder un stand entier, exhibent de navrants échantillonnages qui, s’ils sont réussis dans le détail, se nuisent les uns aux autres et donnent un fort piètre résultat. Quant à celles qui ne possèdent qu’un ou deux modèles, on ne pou-vait décemment espérer qu’elles tenteraient de réaliser entre elles un semblant d’accord, puisque cela paraît presque impossible dans une seule et même maison. Les mannequins de Vigneau-Siégel sont très intéressants quoique très discutés. Il faut entendre tous les M. et Mme Prudhomme dire que •. vraiment les mannequins d’autre-fois étaient plus jolis et gracieux… Et les couleurs… Voyez-moi ces couleurs) A-t-on idée de peindre des figures en or ou en argent ?…  » Non seulement l’effort fait par ces artistes est louable en lui-même, mais il était nécessaire. On ne peut leur repro-cher qu’un détail : la couleur quelquefois messeyante qu’ils donnent volontairement à leurs figurines. Autant se con-çoivent celles de bronze et d’argent, autant celles qui ont le teint, non plus chaud mais olivâtre, auraient dû être écar-tées… Non pas qu’en soi-même il y ait un principe blâmable à imaginer des visages d’ombre. Mais parce que les man-nequins sont faits pour présenter des robes, et que les robes ne gagnent pas à être vues au contact de peaux livides et terreuses. A partir du moment où la fiction est complète 49