CABINET DE TRAVAIL. PAUL rouer. ÉDITÉ PAR «POMONE« On voudrait tout citer, des pièces d’argenterie au marteau de la salle à manger jusqu’aux services délicats, légèrement historiés, blanc et or, honneur du salon, et les tapis qui sont motifs et exécution, autant de leçons à la fois d’honnête audace et de bonne tradition pour nos manufactures national.. Au moins, attardons-nous un instant au seuil de cette chambre d’homme. Leçon de goût si complète qu’il est bien certain que les moins pourvus de nos célibataires, lorsqu’ils seront gens de goût, s’ingénieront à en reproduire au moins la distribution. C’est dans un luxe apparent suprême, du ton de la meilleure compagnie, la chambre d’un homme qui ne dispose d’aucune autre. Le cas n’est pas tellement nouveau. C’était, où jamais, l’occasion de la débarrasser de tout le fatras romanesque. Néanmoins fallût-il l’avènement de l’art mo-derne pour qu’on s’en avisât. En une telle chambre, installé par quelque admirateur, dans l’attente de cette admiratrice qui offrirait la chambre à coucher, un nouveau Barbey d’Aurevilly pourrait rester lui-même. Toutefois il céderait sur un point. Il renoncerait à ce plaisir de mauvais goût d’écrire en se servant Prao !tantra d’encres de toutes les couleurs pour une seule page. Pas plus ne saurait remourir aux camélias, la Marguerite du xrxe siècle dans cette chambre au lit bas, à la tête haute en demi-lune, un pyjama chinois en travers comme une « remarque dans la marge d’une estampe. Mais qu’elle y serait bien pour accueillir des poètes infini-ment plus subtils, étant humains, que ceux qui la chérirent agonisante Cette petite crise d’allégorie, qu’on me la passe, si elle n’est que pour situer le talent de Paul Follot, le génie créa-teur d’un artiste enfin de son temps pour avoir bien com-pris par quoi se reconnaît, se justifie et, dans le temps, se perpétue un style. Epris de fantaisie, il a laissé sa fantaisie bien libre en lui donnant un cadre ferme. Sachant les conditions de la vie moderne, il y répond en poète, cet artisan savant qui sait que c’est une tâche singulièrement plus féconde que celle de tant de dictateurs, tyrans dont bien peu auront même la fragile fortune de commander à une mode, si vite révoquée. André SALMON. 47