proclamant : C’est nous les modernes ! n, comme ces porte-maillot de mélodrame grasseyant . Nous autres, chevaliers du moyen âge… » Si Paul Follot, des premiers, porta un coup si rude, si décisif aux fabricants de mobiliers pour chevaliers du moyen-âge fréquentant la Bourse et l’Opéra, c’est qu’il 1M parut aussi monstrueux de n’être pas moderne qu’il lui eût sem-blé naif d’admirer qu’on le soit. Il n’eut pas de parti pris. Il fut victorieux ne faisant la guerre à personne pour ne pas se commettre avec les morts. Comptant, comme tout le monde, avec les conditions de la production dans un monde assez tourneboulé pour qu’on hésite entre:, croissance » et effondrement », Paul Follot peut aujourd’hui, sans se désavouer, sans renoncer à rien d’une ambition for-melle, accepter la direction d’une entreprise qui, en dépit de cer-tains prix affi-chés, tend tout de même à une espèce de vulga-risation. Au Pavillon Pomone, tel que le lui livra l’ar-chitecte Boi-leau, Paul Fol-lot qu’aucune surface n’embar-rasse, sachant que c’est son mé-tier de compter avecelle,sachant (tant d’autres l’ignorent!) qu’on ne reconstruira pas la ville cha-que fois qu’il au. ra un mobilier à placer, présente la plus heureuse, la plus complète série d’intérieurs modernes. C’est le couronnement d’un effort qui, si souvent, fit la critique attentive du Pavillon de Mar-ron aux Stands du Salon d’Automne, puis des Artistes Français. Vais-je décrire, pièce à pièce, les ensembles, les composi-tions mobilières du patron de l’atelier de Pomone ? Si vous ignoriez ce que c’est qu’un mobilier Louis XVI, ce n’est pas la plus appliquée description qui vous en donnerait le sentiment. Je ne puis prétendre ici qu’a. rassembler des sentiments, des sensations, des émotions communes à tous ceux qui ont visité le clair pavillon des Invalides. Ce sera pour essayer d’en dégager l’esprit conducteur. Au surplus, des clichés bien pris vaudront mieux que des descriptions. Ce qui est avant tout remarquable, c’est que Paul Follot ne perd jamais de vue que son art ne peut être gratuit et qu’il doit pourtant lui donner toutes les satisfactions de l’art le plus abandonné. Il travaille pour une clientèle qu’il ne brime pas au nom de mythes très contestables, mais il ne lui cède rien non plus. Toujours et en tout, il cherche l’accord. A l’aise sur une telle voie, Paul Fallot, comme un versificateur tirant profit de l’obstacle rencontré, amure sa fantaisie, sa libre verve par la logique et la nécessité. Un exemple Pour l’admirable salle à manger à la fois opulente et discrète, d’une tenue si fièrement française, il a composé une table allongée, massive sans lourdeur, soutenue par deux pieds robustes. A leur base, il a tranquillement posé un revêtement métallique, protection utile, bonne défense contre les pieds des convives nerveux ou las (r). De ce revêtement métallique, Paul Follot tire aussitôt un thème général. Ce revêtement retrouvé sera le cadre d’une glace de belle eau, sans autre ornement. Il n’a pas, toutefois, cette béate dévotion des néo-moder-nistes, des frais convertis à la nudité de la matière et de ses plans. Par terreur de la surcharge, par soumission d’igno-rant à la pureté, combien ne se satisfont que d’une nudité qui n’est, sans jeu de mots, que vraie platitude. Paul Follot, je l’ai dit, demeure tout abandonné à sa fantaisie. Con-naissant mieux qu’aucun autre toutes les res-sources du bois, ce décorateur français n’a pas voulu se priver du recours à l’une des mer-veilles de l’art et de l’artisanat français, le bois sculpté. Seule-ment — si con-tent de pouvoir donner à son imagination tant d’arabesques in-génieuses à dé-crire ! — il s’est servi de la taille, en respectant la surface en soi, pour faire litté-ralement « chan-ter ,■ sa matière. De telle sorte que tout autre que le profane pourra, au premier regard, croire apercevoir des l’apports inattendus d’essences rares quand le créateur sûr de soi, savant en beau métier et confiant en sa verve, n’a rien fait qu’employer ses motifs à faire valoir tous les aspects, tous les instants, osera-t-on dire, en bravant la préciosité, d’un bon et brave bois de chez nous. Le noyer, par exemple, discrédité dans tant d’es-prits par le mauvais usage qu’en fit le faubourg Saint-Antoine. Paul rollot est inaccessible à de semblables terreurs. Il n’hésite pas à reprendre ceci aux mains de qui l’a gâché par incompréhension, par académisme, par esprit de décadence. Il n’hésite pas à reprendre cela, qui fut de style, à l’instant où se rompt la tradition qu’a son tour il renouera pour la marier au siècle, à ses conditions physiques et spirituelles. Ainsi se marque chez Paul Fallot, plus fortement que chez aucun des meilleurs, ce haut esprit de suite, ce sens rigoureux (parmi tant de grâce qui semble abandonnée) de la continuité française. Comme en politique, ce sont souvent les plus hardis qui demeurent dans la tradition, qui sont la tradition, ses vrais mainteneurs. DRESSOIR, PAUL POU.’ ÊDITE PAR u POMONE n ho, liaYond ztrzeulmtzuce====– 45