Ab. Rep IMEASSADI COIE DII HALL. MILLET-STEVENS, ARC, ,AxNen.o DE FERNAND LÉGER poser. Car le jardinet central, lui aussi, sue l’officiel. Des éléments qui, pris isolément, tels les vases de Dunand, telle la mosaïque du bassin, pourraient avoir quelque charme, sont glacés par l’armature rigide et froide dont ils font partie. Il est permis de se demander si un tel échec ne vient pas du dessein même ou plutôt de l’absence de dessein véritable. Une « Cour des Métiers„ cela rappelle invincible-ment les sujets donnés en concours à l’Ecole des Beaux-Arts. Et l’architecture n’a-t-elle pas besoin, pour atteindre à la beauté, de poursuivre un but’rigoureux ? Quittons ce lieu peu sympathique et abordons l’Ambassade. Dès l’en-trée apparaît le défaut qui s’accentue plus ou moins suivant les pièces qui’ la composent le manque d’unité, le manque d’accord. Défaut dont il faut chercher les raisons à l’origine de la commande elle-même. Confiée par l’État à un groupe de décorateurs, avec mission de répartir l’aide officielle entre eux. et ceux qu’ils jugeaient dignes de collaborer à leur effh, il était impossible que cette tare ne se révélât pas. La; rigueur impitoyable d’un maître de l’oeuvre, respon-sablaour chaque pièce, eût pu seule l’écarter. En compensation, il faut dire aussi l’émotion profonde de perfection que l’on éprouve à chaque instant de cette visite. Beaucoup l’ont atteinte par fragments, tous l’ont voulue et consciencieusement cherchée. 22 Nous noterons aussi une quantité insolite de vestibules, une salle à manger d’apparat qui n’est point de dimensions plus grandes que la salle à manger intime, et le caractère trop sévère donné à toutes les pièces où vit et travaille l’ambassadeur, qui n’est pas forcément un vieillard morose. 1,e vestibule a une neutralité administrative. Une cer-taine qualité de discrétion générale, mi accord terne entre les murailles, le ton des luminaires, des tentures, le carac-térisent. Cet accord est malheureusement rompu par des fresques représentant, sans esprit et sans gaîté, les fables de La Fontaine. Nous pénétrons dans le bureau de l’ambassadeur. Pièce austère qui pourrait s’intituler musicalement « Variation sur le triangle s. Les arêtes vives des chambranles, les lignes droites des baies, la frise composée d’éléments géo-métriques, les jupes de verre du lustre, tout l’évoque. Une galerie ajourée occupe toute la paroi gauche le triangle se dispose en éventail, c’est le sourire de la pièce. La plupart des meubles portent aussi la marque de cette recherche géométrique, telle, la grande bibliothèque dis-posée sous cette paroi ajourée et qui n’a guère qu’un mérite d’utilité. D’autres offrent, hélas, une disparate marquée. Exécutés par la même personnalité dont le talent si rare n’est pas ici mis en cause, on voit un canapé d’allure Direc-toire, un fauteuil Empire à dossier rond, une table dans laquelle se retrouvent des recherches de classicisme très pur. Enfin, un piano précieux. Oublions, pour ainsi dire, le lieu de sa présence, car il semble bien dépaysé dans cette atmosphère, et examinons-le. La caisse en est d’ébène de Macassar, et la partie ouvrante constituée par une incrustation de filets d’ivoire en losange sur du bois d’amarante. L’instrument est porté par cinq pieds cannelés extrêmement fins, gainés d’ivoire. La pédale, qui est probablement la partie la plus cher-chée, est toute en métal, d’une grande légèreté, j’écrirais presque, excessive, car elle évoque la rigueur fuselée de l’aéroplane. L’ensemble du bureau est d’une tonalité extrêmement sévère. Les rideaux de peluche taupe, posent une note froide sur le mur blanc. Le tapis taupe est à peine égayé par une carpette dont l’harmonie rose et grise rappelle le brocart rose et argent des sièges. Le décorateur a senti la nécessité de corriger la sévérité de cet ensemble par un motif gracieux. A cet effet, il a placé en face du sombre bureau de l’ambassadeur, une charmante statue de Joseph Bernard aux bras levés qui évoque « l’Éveil». La sensation de grâce et de joie, nous la retrouvons encore devant le mur de droite. Le fond en est occupé par un admi-rable meuble de Ruhlmann où se marque sa maîtrise unique. Ce bahut d’apparat, complètement plein, aux portes non apparentes, nous présente d’abord l’éblouissement d’une