PAVIELON DU COLLECTIONNEUR. RÉALISÉ PAR P.-J. RUHLMANN. PIERRE PATOUT, ARCHITECTE En dépit de leur frénétique et visible désir d’affirmer leur indépendance, leur hardiesse et, disons le mot, leur insolence, il ne nous est pas possible de féliciter MM. Hiriart, Tribout et Beau de leur pavillon e La Maîtrise e. Ce style baroque, ce style d’échantillonnage, que ne fait pas pardonner— bien au contraire — un luxe effréné, reste un non-sens, dénote un manque complet de tenue, un souci vulgaire de tape à l’ceil. Toute la richesse du revêtement s’affirme à l’extérieur, à ce qui se voit du dehors et de loin. Aussi la commodité des dégagements est-elle entièrement sacrifiée dans ce pavillon-décor dont la tapageuse élégance architecturale est au véri-table goût ce que la toilette la plus éclatante d’une commère de revue peut être à la robe d’une vraie Parisienne. Une porte-verrière monumentale élevée au-dessus des degrés d’un autel et qui est une porte… de sortie alors que les accès véritables, entaillés dans les flancs du pavillon ressemblent à des vomitoires, ne nous engage pas à continuer notre examen plus longtemps : l’emploi coûteux des marbres, le plaquage épais des dorures et la pauvreté du détail font de ce pavillon un « Paradis pour midinettes e. N’était-ce point, après tout, le caractère du problème à résoudre. Le Pavillon « Pomone s (Bon Marché) arc-bouté sur ses assises puissantes, est une maquette babylonienne qui évoque la suzeraineté du Crédit et de la Marchandise. Si M. Boileau semble un peu gêné dans ce provisoire il ne nous laisse pas oublier toutefois qu’il est l’homme des réalisations définitives, le créateur de l’annexe du Bon Marché, rue du Bac, l’artiste de grande envergure qui réunit les trois qua-lités que nous admirons sans réserve la Puissance. la Tenue et la Vie. J e serais curieux de savoir si M. Sauvage n’éprouva pas la même déception lorsque fut terminé son pavillon Prima-vers s. Cette hutte au toit de galets pouvait être une idée cocasse, elle aussi ; mais la fantaisie dont elle est animée, souvent pleine de grâce, est parfois si lourde, que nous l’aurions acceptée comme esquisse crayonnée d’une main spirituelle et hâtive, mais que nous la refusons, réalisée en stuc, parce qu’elle perd tout son charme inventif d’aquarelle. Nous arrivons enfin au r Studium n du Louvre. Le Louvre a toujours eu, paraît-il, le souci de la tradition et des bons principes. Il s’est exprimé par un pavillon qui est une bonne esquisse de l’école d’avant-guerre dont l’équi-libre et les réminiscences pompéiennes donnent la tranquillité nécessaire à qui veut prendre le thé à l’abri de la pluie sous un toit léger, entouré de motifs gracieux, apaisants. Entre ces quatre bastions d’angle, les pavillons de la Place Clichy et le pavillon Crès. La Place Clichy, la Maison de Blanc, le Pavillon des Gantiers de Grenoble sont issus d’heureuses tendances, insuffisamment étudiées. Ce qui fait qu’auprès d’eux le pavillon Goldscheider, avec son simple vitrage d’atelier et ses deux petits auvents, le pavillon des Diamantaires si spirituel et enfin le Pavillon de Copenhague qui sait être si simplement ce qu’il est, nous donnent une réelle satisfaction. Ce dernier surtout, dans sa proportion légère et rationnelle, bien utilisée, sans aucune outrance, finit par nous sembler une des choses les plus réussies de l’Exposition. 7