convenances des catalogues ! Mais à défaut d’un séjour, la belle promenade tout au long de ce que le >me siècle a produit d’imprévu, de séduisant, et de librement vivant ! Voici, par exemple, certains maîtres, indépendants entre eux, et qui pourtant ont attiré le collectionneur par certaines affinités qu’il est plus facile de sentir que d’expliquer. Bonington avec cette fine et brillante Place d’Arras. Raffet et cette superbe petite aquarelle et grande page d’histoire, Le matin de Novare. Carpeaux et de fiévreux croquis pour son Ugolin. Ziem et une Vue des Tuileries grande comme les deux mains et pour laquelle on donnerait cent de ses Venise. Stevens et une élégante dans un atelier, charmante peinture qui appartient encore à celle de ses manières que l’on couvre d’or aujourd’hui. Plus immédiat est le lien qui règne entre toute une catégorie de notateurs de moeurs. D’abord le ravissant Eugène Lami, qui déjà s’égale aux plus admirés petits maîtres du xvilr; Gavarni de qui l’on voit ici deux petites peintures, délicates comme des Lancret, de toute rareté dans son oeuvre; Chaplin, de qui les tendres et fleuries séductions ont recom-mencé de prendre une jeunesse désormais à l’abri des vicissitudes. Puis ce trio d’observateurs amusés, passionnés, véridiques, Constantin Guys que Baudelaire comprit si bien et que nos collectionneurs se disputent à des prix si élevés, — qui ne sont pas de ce temps-là; Steinlen, un des plus émouvants et des plus émus descripteurs de la rue et de sa faune humaine, dessinateur et peintre digne d’escorter Daumier; Georges Bottini enfin, qui en ce moment même, avec ses aquarelles de boudoirs, de bars, de promenoirs, d’une si chaude et si per-sonnelle harmonie, sort soudain de l’obscurité où il se débattit, une seule de ses oeuvres valant mille fois ce qu’il gagna en toute sa vie. Mais voici les très grands, représentés par des oeuvres qui attestent la vivacité des impressions de l’écrivain, la sûreté de son goût, la décision qu’il faut pour aborder ainsi la pièce capitale au lieu de se contenter de la « petite note », chère aux timides. Le Liseur de Daumier est un de ses plus puissamment sculptés. Le dessin rehaussé de pastel de Degas est de très belle venue. Miss Cassatt et Berthe Morizot sont tout entières dans ces morceaux qui ont tout l’attrait de la spontanéité et toute la force de l’accompli. Forain est le plus grand peintre de moeurs du Dax’ siècle après Daumier. Cela est acquis maintenant sans débat et cela dit l’importance de ses deux scènes. Les décorations parisiennes du Café Riche ont une grandeur et une fermeté qui auront plus tard un style dont nous pouvons déjà maintenant nous rendre compte. L’on sait le prix qu’attachent les amateurs à ses eaux-fortes mystiques. Toulouse-Lautrec, lui aussi, et non moins que Forain, est sur le plan où Daumier règne. La collection Decourcelle présente toutes les notes de son étrangement captivante personnalité avec la Femme au noeud rose, oeuvre de jeunesse, la Femme au corsage violet, la Petite Danseuse, le Moulin-Rouge, les portraits divers, et par dessus tout la grande Danseuse, la plus raffinée et la plus importante à la fois de toute son oeuvre en ce genre, qu’avec la licence d’une transposition de sexe on pourrait appeler son Cilles.