VIII PRÉFACE Midas aux oreilles d’âne; peut-être le roi Midas n’était-il pas celui qu’il visait. Que de noms intéressants il faut passer sous silence pour arriver enfin à Millet, représenté par neuf pastels et dessins. D’abord les Lavandières, puis le Retour des champs, qui sont bien l’expression de cette phrase que Th. Gautier écrivait à propos de Millet : Pourquoi les paysans n’auraient-il pas du style, comme les héros? ts Voici encore Millet, presque à ses débuts, avec un pastel, Nymphe couchée sous bois, dont la formule, éloignée de celle plus connue par le public, a suscité à quelque amateur plus timoré que sacrilège la pensée d’effacer le monogramme J. F. M. que l’on peut percevoir encore ; puis le portrait d’un graveur peu connu, Campredon, qui fait partie d’une suite de portraits parmi lesquels ceux de Barye, de Diaz, de Desbrosses ‘. On voudrait et on devrait citer chaque oeuvre, mais, alors ce serait un livre qu’il faudrait écrire avant même d’arriver à Th. Rousseau, dont les aquarelles, l’Escalier du Château de Blois et les Paysages sont des morceaux remarquables. Je ne voudrais pas terminer cette préface sans parler de Forain, que mon père plaçait, il y a vingt ans déjà, au premier rang de nos peintres contemporains et qui a trouvé chez M. Beurdelcy, envers et contre tous, la place d’honneur qu’il méritait. Les enchères des dernières ventes sanctionnèrent le goût du collectionneur. Revenant un peu en arrière, il me faut citer Meryon, dont le pastel, la Pêche à la baleine, pourra causer quelque surprise; mais, quand on saura que Meryon débuta dans la vie comme officier de marine, on comprendra qu’il ait traduit l’impression vivace d’une scène vécue. Et maintenant, il faut s’arracher à ce milieu que tant d’amateurs et tant d’amis purent apprécier et il faut trouver quelque conso-lation en pensant au rayonnement, à l’action bienfaisante qu’aura la dispersion de cette collection et dire avec le poète : La Peur tombe en livrant ses parfums au cephire, A la vie, au soleil, ce sont là ses adieux. Worm, BRAME. 1. Ces trois portraits appartenaient à hl. Forbes, de Londres, vers 1894.