PRÉFACE VII devait jamais être, Bien que très fatigué par le mal qui devait l’emporter, il me retint après dîner dans son salon. Il se plaisait à me faire raconter les anecdotes que je connais, tant par mon père que par moi-même, sur les Maîtres de [83o, puis ce fut la critique de leur œuvre, la comparaison avec les anciens… Dans la satisfaction qu’il éprouvait à parler d’un sujet qu’il aimait tant, il oubliait son mal au point que les siens, surpris et heureux de ce semblant de retour à la santé, retardèrent le plus qu’ils purent le moment de lui rappeler que les autres jours, à pareille heure, il y avait longtemps déjà qu’il reposait. Peu de temps après, M. Beurdeley rentrait à Paris où il put encore avoir la grande joie de revoir sa collec-tion remise en place après les déménagements nécessités par les craintes de bombardements ; puis ses yeux se dorent pour l’éternité. Grâce à l’heureuse initiative de M. R. Koechlin et à la bien-veillance de Mu. Beurdeley et de ses enfants, l’élite des amateurs put voir une dernière fois cette collection dans son ensemble, telle qu’elle avait été disposée par son auteur, puis, conformément au désir de M. Beurdeley, la cruelle dispersion commença. Verra-t•on encore un intérieur de collectionneur passionné, où Pceuvre d’art est aimée pour elle-même plutôt que choisie pour l’ornement d’un salon ? Reverra-t-on encore des demeures comme celles de Marmontel, d’Alexis Rouart, et surtout d’Henri Rouart ? Le collectionneur qui nous occupe sera-t-il le dernier de cette pléiade qui a honoré notre pays en faisant apprécier la puissance de son génie artistique? Non, certainement, car il ne faut pas douter que, parmi les pièces rares arrachées à ce précieux ensemble, quelques-unes seront la souche d’un nouvel ensemble; les autres allant enrichir quelque collection en formation. – Le début du xix° siècle est représenté par David, puis par Isabey (Jean-Baptiste) dans son importante aquarelle Maison de jeu au Palais-Royal, oeuvre des plus intéressantes, autant par ses qualités d’art que par la représentation des mœurs d’une époque, ensuite des aquarelles pour le Bon Genre, spirituelles au possible, et, enfin, un inconnu pour d’aucuns, Le Guay, mis en lumière par l’admirable portrait de femme de cette collection. Nous arrivons à Prud’hon, aux dessins impeccables, dont l’un, la Science (gravé par 13oilly), est le souvenir d’une époque glorieuse, étant le projet d’une des ligures qui couronnaient l’Arc de Triomphe dressé à l’occasion du mariage de Napoléon I.’ avec Marie-Louise. Quelle animation dans les Courses par Carle Vernet ! On voudrait citer chaque œuvre, chacune ayant sa valeur et sa raison d’être dans cette collection : Heim, avec ses portraits; Ingres, avec le portrait de la comtesse d’Haussonville et qui, dans ses dernières années, a retrouvé le brio de sa jeunesse pour dessiner le roi