PRÉFACE ISRED DE MUSSET avait-il raison quand il écrivait : Un souvenir heureux est peut-etre sur terre Plus vrai que le bonheur. Peut-être! mais non pas absolument ; j’en ai eu pour preuve l’impression pénible qui m’étreignit quand j’eus quitté l’hôtel de la rue de Clichy, après avoir assisté au départ des dessins qui composent le présent catalogue. Trois cents dessins restent encore accrochés, qui seront l’objet d’une importante et dernière vente, mais qu’est-ce que cela, pour ceux qui ont connu le prodigieux ensemble que formaient les tableaux, les dessins, les estampes, les livres, les objets d’art, ce Tout qui était la Collection Beurdeley P Le souvenir ne peut pas être plus heureux que le bonheur qu’on éprouvait à admirer cette incomparable collection. Quel sentiment de mélancolie, au contraire, en pensant à ces visites qui ne seront plus : le coup de timbre du portier, l’entrée dans le péristyle plutôt obscur, puis la lumière jaillissant, éclairant les dessins qui couvraient sans le moindre espace le mur de l’escalier; dès le rez-de-chaussée Forain, et vers les étages supérieurs David, et, pour les relier, tous ceux qui ont illustré le xl:C siècle, puis, apparaissant sur l’un des paliers, le maitre de céans, venait au-devant de vous, heureux de votre joie et qui vous tirait de votre admiration en disant : Ah ! c’est vous ? Eh bien? Qu’est-ce que vous en dites? Quand on était arrivé au second étage, ce qui demandait un assez long temps, retenu que l’on était à chaque marche par l’admiration que suscitait chaque dessin, on entrait dans un salon spacieux où étaient réunis les dessins anciens. M. I3eurdeley vous invitait à vous asseoir et lui-même s’asseyait dans un fauteuil à bascule. C’était son fauteuil favori; devant lui était une chaise en bois, sorte de chevalet, sur laquelle il y avait toujours quelque dessin, le dernier venu, ou un dessin appartenant de longue date à la collection et que