ALFRED BEURDELEV idées et les raisons des choses : ce sont le mode du dessin et celui de l’estampe originale, qui n’en est guère qu’une modalité. C’est que, dans ces deux catégories, on peut satisfaire plus aisément, plus rapidement — et il faut bien le dire aussi, plus économiquement, — ses convoitises de collectionneur, en même temps qu’étendre ses investigations d’érudit inquiet, soucieux avant tout de découvrir et d’apprendre. Aussi, bientôt, Beurdeley est présent à toutes les ventes, sans dédaigner même les plus modestes, car il sait que c’est lb qu’il trouvera souvent la pièce inédite, rare, ou dédaignée par la pluralité des amateurs qui n’en connaissent pas la valeur d’art. Il se passionne pour l’histoire; il vit dans les musées, il lit et relit tous les ouvrages contemporains sur les salons, les exposi-tions. Il connaît Baudelaire et Thoré par coeur. Et que de fois ne m’a-t- il pas dit, d’un ton qui me flattait beaucoup : « Si vous saviez comme je vous potasse ! s C’est que nous avions, l’un et l’autre, le même point de vue historique. Nous voulions entrer à fond dans cette histoire de l’art au xitC siècle qui, pour notre pays, est d’une magnificence, d’une richesse et d’une variété incomparables. C’est comme une forêt touffue où l’on n’admire d’abord que les grands chênes, et l’on est surpris de découvrir à chaque pas, derrière ces masses imposantes, de délicieux bosquets, de fraîches clairières, des jeunes fûts élancés et des buissons chargés de fleurs. L’art au xDC siècle, après tous les maîtres sans nombre que nous admirons, est encore plein d’inconnu. Aussi, ce qu’il y a d’exceptionnel chez Beurdeley, c’est que, derrière ces figures de premier plan, qui sont comme les grands jalons de l’école, derrière David ou Prudhon, Ingres et Delacroix, Meissonier et E. Lami, derrière Rousseau et Millet, Daumier et Gavarni, Daubigny et Jongkind, Sisley et Fantin, Ricard et Puvis de Chavannes, et d’autres encore, qui forment dans sa collection comme une des plus belles salles du Louvre, Beurdeley poursuit avec une vivacité avisée et amusée, les petites individualités intéressantes, oubliées, méconnues ou inconnues, qui préparent, suivent ou expliquent les grandes figures synthétiques et symboliques et servent de liens entre elles.