ALFRED BEURDELEY les snobs, les mécènes d’occasion, ou encore, tels industriels ou commerçants qui, en dehors de l’usine ou du négoce, veulent se donner par l’art un certain vernis d’élégance. Mais il y a aussi tout un peuple de curieux et de dilettantes dont l’action n’a pas été toujours indifférente au mouvement des arts. Sans doute, leur critérium est tout personnel. Ils achètent ou ils commandent d’après leur propre goût, ce qui n’est pas déjà une si mauvaise méthode. Ils s’engouent pour telle ou telle forme d’art, pour tel et tel artiste dont le caractère flatte leur sensibilité organique ou leur idiosyncrasie spirituelle et il faut bien reconnaître que c’est souvent à ces petites passions toutes épicuriennes que l’on doit maintes utiles et justes réhabilitations. Ce qu’il y a d’assez exceptionnel et de particulièrement intéressant chez Alfred Beurdeley c’est que, parti du point de vue de la curiosité, comme la plupart des autres amateurs, ou d’un pur sentiment de jouissance égoïste, il était venu peu à peu à prendre le goût des idées générales. Il voyait, tous les jours davantage, chaque figure dans son temps et dans son milieu, ce qui est la meilleure manière de comprendre, sinon d’admirer, et il entrait ainsi insensiblement dans le domaine de l’Histoire. Cette compréhension nouvelle de l’art, Alfred Beurdeley l’appliqua surtout au xix° siècle et c’est, comme on pense, ce qui créa, avec nos études communes, nos liens d’amitié. A vrai dire, lorsque Alfred Beurdeley entra dans cette voie, il y avait déjà fort longtemps qu’il était formé aux choses de l’art. On peut dire qu’il avait été saturé d’art dès son enfance; car ce ne fut pas une médiocre éducation que celle qu’il reçut au milieu de ces admirables modèles des grands siècles du génie français, que son père et que lui-même s’appliquèrent à reproduire avec tant de respect et tant de goût. On a pu médire, certes, de l’imitation servile des siècles passés qui aurait arrêté l’essor d’une production originale, comme on peut redouter aussi justement aujourd’hui que la crainte du passé ne stérilise, par contre, tous les efforts et toutes les recherches d’un style adéquat à nos moeurs. Mais, à l’époque où travaillaient les Beurdeley, if y avait, à la reprise de cette magnifique tradition d’une période incomparable, des leçons de goût et tout au moins de technique qui auraient dû porter leurs fruits. Quoiqu’il en soit, notre ami