rue de Rennes et de la rue de Notre-Dame-des-Champs, il a bien failli nous faire télesco-per par un autobus. Léger nous avait dit à quel point, selon lui, l’objet, fait plastique indépendant, se suffit à lui-même, et qu’à tout prix il fallait s’attacher à lui garder sa force d’objet, le considérer comme un fait autonome, et éliminer de l’ceuvre d’art, qu’elle soit ta-bleau ou affiche, toute trace de r Sentiment r. Carlu, autant que moi, ad-mire Léger. Mais comme nous reprenions notre route, tout de même sains et saufs — il m’a dit, peut-être en manière d’excuse : r Eliminer tout sentiment de Pceuvre d’art ?… non, là je ne le suis plus ! Je crois même qu’il a cité « Platon ». Et, en effet, dans l’oeuvre de Jean Carlu — fils, neveu et frère d’architecte, qui lui-même débuta dans l’archi-tecture et à qui j’ai pu en-tendre dire : « Je fais de la géométrie comme je respire », le sentiment est un facteur de toute première importance. Cette alliance de la plas-tique et du sentiment, au-trement dit de la géométrie et de la poésie, c’est, me semble-t-il, le problème même qu’il s’est attaché à résoudre, et c’est là ce qui lui donne une place si particulière parmi les artistes de l’affiche. 364