Pour les mallettes. c’est tout différent. Une mallette est pleine d’affection. Elle ne quitte pas sa maî-tresse, du moins elle le voudrait, car ce sont des femmes qui possèdent les mallettes. Des personnes malin-tentionnées sont capables de conclure que c’est précisément parce que les mallettes appartiennent à des femmes qu’elles sont perpétuellement perdues. Il est très rare, en effet, qu’on lise dans les journaux qu’un homme a perdu une mallette. En revanche, c’est toujours un homme qui la trouve. Les hommes qui trouvent les mallettes les rendent. C’est comme cela que l’on sait qu’ils les ont trouvées. Les femmes qui trouvent les mallettes les gardent… pour avoir le plaisir de les perdre à leur tour. Les mallettes sont (les objets extrêmement séduisants. Elles provoquent le plaisir de la découverte. Cela tient à ce que les mallettes sont pleines d’accessoires. De là le nom de nécessaires qu’on leur donne fréquemment. On appelle très exactement : nécessaire, un ensemble d’accessoires superflus. A cause de la surabondance de ces accessoires superflus, il est rare en effet qu’il reste dans la mallette, de la place pour le nécessaire. Il y aurait tout un volume à écrire sur les flacons et les étuis des nécessaires. Les flacons ne sont jamais de la dimension que l’on voudrait. Ce n’est pas la faute du fabricant qui déploie une ingéniosité désespérée à satisfaire à la fois les yeux et la nécessité. C’est la faute à une certaine magie particulière aux objets, aux ciseaux par exemple, aux clefs et aux mallettes. De même que — eût-on cent valises — on n’aurait jamais une valise de la dimension qu’il faudrait, de même eût-on cent flacons savamment gradués, aucun n’aura jamais son plein usage. Seule la magie peut donner au verre cette élasticité mystérieuse qui fait que le flacon pour l’eau de Cologne se réduit à la dimension d’un dé à coudre, cependant que le flacon à collyre — dont on se sert lute fois l’an — prend des proportions de dame-Jeanne. On reconnaît une mallette neuve à ce que, contrairement à une mallette ancien ne, elle ne contient ni fer à friser, ni boîte à épingles-neige, ni quoi que ce soit de ce qu’il faut pour coudre. Toutes les femmes maintenant naissent ondu-lées, ignorent les épingles à cheveux et jettent leurs vêtements quand ils sont décousus. L’idée première des mallettes était de condenser sous un petit volume avec un minimum de poids, tout ce dont une femme a besoin pour voyager. On pensait ainsi évi-ter à la voyageuse, l’inconvénient ou la dépense d’appeler un porteur. A la vérité, on a bien réussi à obte-nir le petit volume, mais pour ce qui est du poids, la seule vue d’une mallette fait fuir le plus robuste porteur. l’Il %RH IE I II I » %H 111■NIF:11.Si ON CREATION 1-101,20DS DE FP auo