ont laissé une partie d’eux-mêmes dans leur sueur ; ils se rhabillent comme s’ils retrou-vaient une armure soudain plus légère. .∎ Et maintenant, allons-y ! » Ils bavardent, en boutonnant leur gilet, ou en vérifiant le contenu de leurs poches, faisant alterner des tuyaux de bourse et des considérations sur la courbe de leur poids ; ou bien ils signalent une petite station de sports d’hiver, encore peu connue et qu’il faut encourager. La piste de bob sera prête pour l’an prochain ; la patinoire est déjà excellente, l’hôtel charmant », et il y a de belles promenades, pour le ski. C’est Untel qui a monté ça ; dans quelques années ce sera une affaire magnifique ; •i ils » ont acheté des terrains et vont faire aménager la chute d’eau par une société suédoise. u Mon beau-père est dans le Conseil, il m’a donné des tuyaux ; ils sont en pourparlers avec le P.-L.-M., ça doit devenir extrêmement inté-ressant. Et puis, qu’est-ce que vous voulez?… Les sports d’hiver, il n’y a que ça de vrai ! » Et, en effet, les sports d’hiver ont un grand avantage ; c’est que, pour les prati-quer, il faut prendre des vacances en hiver. Or, on s’arrangera toujours pour en reprendre un peu pendant l’été, n’est-ce pas? C’est tout bénéfice, et l’on dit fort bien des bénéfices qu’il n’en est pas de petits. D’autre part, les sports d’hiver sont, en eux-mêmes, bien agréables. Les femmes des hommes d’affaires en raffolent toutes ; ce sont elles qui, depuis quelques années, y ont converti leurs maris ; et les sports d’hiver, chaque saison, ont gagné quelques amoureux. Certes, ces mes-sieurs ne deviennent jamais très forts, ni sur les skis, ni sur les patins ; mais ils trouvent dans Il neige de grands plaisir>, et .1.abord celui du qui leur rend ce parfum de jeunesse que déci-dément. ils semblent bien chercher partout. On les voit partir, aux jours les plus sales de Paris, vers Saint-Moritz, Mégève, l’Aigoual, ou vers de petits trous que chacun croit avoir découvert pour son usage personnel ; et on les voit bientôt revenir, tout fiers, promenant dans Paris, en plein mois de février, des coups de soleil qui font tomber par plaques la peau de leur nez, le visage bruni, les yeux plus clairs, et ramenant dans leurs poi-trines le souvenir encore brûlant d’un air pur, et qui pique. Oui, ils y retourneront l’an prochain ; et il faudra absolument cette fois, entraîner les Chose. Ce sera excellent pour les enfants. En attendant, il faut reprendre le collier. Voici qu’on ne peut plus donner au sport que quelques instants, volés au rendez-vous et au courrier. Il y a bien le tennis, mais les courts couverts sont tristes, et l’on ne peut pas facilement réserver chaque semaine telle ou telle soirée ; jusqu’à l’été, le tennis est peu couru ; reste le golf, sport qui s’apparente au footing déjà nommé, et à la promenade en montagnes ; sport plutôt réservé aux femmes de ces messieurs. Parlerai-je du polo? Il est réservé à un trop petit nombre. Le ping pong?… On m’accordera que, malgré ses charmes, il ne mérite que peu le nom de sport ; autant en dirons-nous du billard, qui a bien perdu de sa gloire. Nous compte-rions plutôt ici la danse, sport fatigant, et qui garde des fervents jusque parmi les mes-2.95