secouer la nonchalance de la terre et violer ses secrets pour l’obliger à tout nous donner plus vite et phis abondamment, sans que, pour une âme et une sensibilité, des muscles aussi. dignes de ce don, la qualité de quoi que ce fût en soit diminuée. C’est en cela que nous étions trompés et frustrés. On le voit bien main-tenant qu’avec le progrès des sciences appliquées et la rapidité des échanges, l’explosion s’est produite et que la vitesse. nous a libérés. Elle a fracassé l’étonnant fardeau verbal dont nous étions opprimés, elle a brisé déjà les plus ()dieu des liens qui nous enserraient, elle a muliiitlié et nos sensations et leur intensité, elle nous a révélé de la façon la plus directe tous les aspects de notre domaine, elle a mis à notre portée mille biens qui nous étaient refusés ou ne nous étaient que très parcimonieusement dispensés. elle élargit sans cesse noire horizon, nos espoirs et nos possibilités. Elle nous suggère la véritable philosophie. Nous savons mieux, grâce à elle, que la vie est brève, et vaste et variée; et surtout grâce à elle, nous pouvons mettre notre existence d’accord avec cette philosophie, combler cette brièveté, explorer cette immensité, goûter toutes les nuances de cette variété. Prétendre que la vitesse nous fait parer cher ses miracles est faux. On tente de nous faire croire qu’elle nous rend impossible toute véritable connaissance — fruit de persévérantes approches et d’une familiarité durable — qu’elle raccourcit nos sensations, qu’elle menace nos créations, qu’elle nous disperse. Dans la mesure où c’est vrai et chez ceux pour qui cela est vrai, cette opinion ne peut servir à la condamner. Elle prouve simplement le manque d’habitude, d’éducation si l’on veut, ou la faiblesse de ceux qui en souffrent. La véritable connaissance est sv lohétique, pénétrante, fulgurante, elle est amour; une sensation surtout par son intensité. Et comment ne pas voir que la vitesse augmenhn. étend notre pouvoir créateur’? Quant à nous disperser — ce qui équivaut à dire qu’elle nous détruit — il faut :t)ir un bien mince pouvoir d’assimilation, de réaction. d’organisation, tilt person-nalité bien débile pour le prétendre. Non : agilité intellectuelle. liberté morale, progrès social, joie artistique (aucun tableau. aucune contemplation ne nous eût l’image d’un paysage en mou entent). joie humaine (le risqm,. le courage, la force, la légèreté. la ,griserie…). intensité, prodigalité, la vitesse en son prodigieux tourbillon est N ie. Et vie enivrante. Jean Cit:YoN-Crstany