ACCESSOinE •D Ri SE ‘l’ ri’ par GERMAINE BEAUMONT IL FAUT à notre époque, aimer la femme pour elle-même, car plus rien ne l’entoure que ses vêtements, et il n’y en a pas beaucoup. Jamais elle ne s’avança plus démunie, plus sûre, plus dédaigneuse au devant des hommages. Jamais elle ne chercha moins à éblouir, ou à ruser. Jamais elle ne se fit si peu précéder. Jamais elle ne laissa moins de gages. Ce n’est plus une créature, c’est un élément. C’est un terme qui est fréquemment suivi du mot : ravages. Les éléments ne sont pas tendres, les femmes non plus. Si elles parurent tendres à quelque autre époque, c’est qu’elles s’entouraient d’accessoires comme un fruit s’entoure d’ouate, et comme un miroir qu’on livre s’entoure de courroies qui le suspendent et de respectueux ouvriers. Au fond, pourquoi voudrait-on que la femme changeât, puisque rien ne change, que le coeur humain recompose inlassablement ses palpitations et ses poisons, que les transformations ne sont jamais que superficielles. Quel serpent devient colombe, en perdant sa peau? Les modes sont des mues. C’est après la période de rénovation que les antiquaires passent et ramas-sent les déchets. En muant depuis une cinquantaine d’années, les femmes, il faut le reconnaître, ont enrichi les musées. C’est à leur détriment, car elles ne remplacent plus guère les charmants accessoires de leur feinte faiblesse. Un peu de verroterie les amuse un instant, et elles songent davantage à parer leur nou-velle idole, l’auto, qu’à se parer elle-même. Telle femme qui ne se soucie pas de posséder une fleur pour son corsage, étudiera gravement pour sa conduite intérieure le galbe d’un porte-bouquet. Si progressive s’est faite l’élimination, on en a tant vu mourir et si suavement de jolies choses, qu’il faut relire d’anciens romans pour s’apercevoir qu’autour de menus objets sym-boliques une littérature tout entière s’était cristallisée. 263