L’EXERCICE OBLIGATOIRE PR ÈCHE… …POUR DES CONVERTIS es chers amis, l’instant est grave…. Les extra-ordinaires progrès du machinisme contemporain font qu’à la lettre, l’homme d’aujourd’hui —et, à plus forte raison, la femme de demain —n’ont et n’auront plus besoin, presque, de se servir de leurs membres. Je sais, aux portes de Paris, des usines qui fonctionnent toutes seules. Je sais aussi des Parisiennes qui, passant, le sourire aux lèvres, de leur Peugeot 5 CV à leur Voisin huit cylindres, ignoreraient bientôt —attention ! — si elles se laissaient aller, ce qu’est l’action de placer chacun de ses pieds devant l’autre et qui s’appelait jadis marcher. Remarquez que ce cri d’alarme, je ne le pousse qu’a. contre-coeur. Mon goût, que je proclame, pour le Sport, n’a peut-être, au fond, que de lointains rapports avec le culte de cette parente pauvre qu’est l’éducation physique. Il y a des jours où l’on concevrait assez bien le Sport… pour les autres, où l’on serait près de l’apprécier — j’en-tends le grand sport de compétition — comme un simple spectacle « excitant ». Le pratiquer nous-mêmes, quelle fatigue ! La civili-sation victorieuse ne nous débarrassera-t-elle pas de ce soin? On admet fort bien un avenir où l’homme, sur un lit de délices — où il y aurait une petite place, espérons-le, Par MARCEL BERGER. po’ur sa compagne — laisserait mollement venir à lui toutes les voluptés du monde que des mécaniques asservies s’empresseraient à lui dispenser. Fort bien ! Cependant, qu’arriverait-il ? C’est que, de par cette fameuse loi, vous savez, de l’absence de fonction entraînant le retrait de l’organe, l’homme ne tarderait pas à devenir un de ces êtres monstrueux dont parle quelque part Wells, bras et jambes atrophiés, un ventre énorme, et un crâne — dont s’alarmerait Montaigne — aussi mal fait que… bien plein. Fort laid? C’est certain. Un Sainte,Beuve poussé à la caricature ! Cela aussi, notons en passant qu’on en prendrait vite son parti. Car enfin, tout est relatif, et la conception de la beauté comme toute conception humaine. Poètes, sculpteurs et couturiers auraient vite fait de nous persuader que la ligne du corps s’est ennoblie, stylisée, en se transformant ! Seulement, inconvénient plus grave, il est des lois organiques contre lesquelles provisoirement — à moins que ce ne soit pour toujours — nos fantaisies restent impuissantes. Et la première de ces lois, c’est —excusez-moi — c’est… : « Sue ! » Oui, sue ! Désintoxique-toi ! Élimine ces infâmes poisons que la nourriture, carnée ou non, et le travail, même intellectuel, et la fatigue, de toute provenance, 207