Voilà, si je ne me trompe, les symptômes d’une évolu-tion intéressante des moeurs. La vie extérieure semble céder un peu de terrain. On revient, on marque du moins l’inten-tion de revenir à l’intimité d’autrefois. Action : réaction ! Progrès : retour en arrière ! A vivre comme des fous, d’une façon hagarde et saugrenue, le goût nous reprend d’un peu de repliement et de paix. Déjà j’entrevois le temps où, comme sous Louis-Philippe, des maîtresses de maison auront assez de charme et d’autorité pour rassembler autour d’elles, entre cinq et huit heures, les hommes libérés de la Bourse ou de la Chambre. Et c’est ainsi que refleu-riront les salons littéraires et politiques. — Vous rêvez ! me disait un voisin à qui je faisais part de cette prédiction. Des salons, au siècle de l’auto ! 100 A quoi je répliquai que les autos permettraient précisément de rendre visite à des gens qu’on ne pourrait aller voir par chemin de fer ou en carrosse, et qu’il était temps qu’après avoir travaillé contre l’esprit de sociabilité, l’auto se mit un peu à son service. — Notre génération, ajoutai-je, se lassera bientôt de faire de la route ». Nous reviendrons à une conception plus raisonnable qui consiste à ne voir dans l’auto qu’un moyen de transport un peu plus rapide que la chaise à porteurs et le coche des messageries…. Je mettais dans ces propos un accent de conviction qui m’étonne quand i’y repense. J’en étais, il est vrai, à mon troisième tonnerre de Dieu (gin, fine et whisky en parties égales)…. Lustre de Jean Perzel, en glace dépolie. Candelabra by Jean Perzel made of ground plate mirror. ANDRÉ BILLY.
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