e qu’il faut peut-être admirer le plus, dans les travaux de l’homme industrieux, c’est qu’il ait réussi à découvrir ou fabriquer toutes les matières dont il peut avoir besoin. Ne vous moquez pas ; c’est seulement parce que ces matières existent, dociles et tou-jours présentes, qu’il semble étrange qu’on s’étonne de leur existence ; mais c’est que nous sommes des enfants trop gâtés ; et si nous essayons seulement un instant de jouer au petit pauvre, nous voici éblouis de tant de richesses. On peut imaginer ces temps lointains où l’homme était réduit au silex, au bois, aux peaux de bêtes, aux plumes et aux os, seuls matériaux naturels. On peut imaginer, ensuite, l’apparition du premier métal, ou celle de la première étoffe tissée, premiers stades de cette étonnante découverte que les produits naturels peuvent être transformés par les mains, ou par le feu… Quand on eût compris cela, tout fut lent peut-être, mais facile; et depuis n. En vérité, oui, nous avons tout maintenant ; et il est Ela bien permis de s’étonner un peu. Regardons seulement ce bureau : des livres, des ciseaux, un crayon, une boîte, un pot de colle, un buvard. Quoi ? Rien de cela n’est surpre-nant ? Voire ! N’admirerez-vous pas cette diversité mira-culeuse des matières, et que, si l’homme veut un objet solide, il a les métaux ; un objet indéchirable et souple, il a les étoffes; ferme et transparent, le verre ; léger et lisse, les papiers; un peu plus ferme, et souple encore, le carton; malléable et résistant, le caoutchouc ; ou, pour d’autres besoins encore, et possédant d’autres vertus, le bois, l’ivoire, l’ébonite, l’argile, la corde, la laine, le velours, le duralumine, la porcelaine, le jute, cent autres, et mille autres ? Épuisez, si vous le pouvez, la série des métaux, et admirez que les uns soient lourds, d’autres légers, ou fermes, ou mous, ou fusibles, ou ductiles, ou malléables ou inoxydables ; et que chacun ait la vertu qu’il faut, et qu’on invente au besoin le métal qu’il faut ; pensez encore aux étoffes, de la toile à sac au crêpe de Chine, et qu’on trouve ici encore le lourd et le mince, le rugueux et le