E a machine nous a rappelé que nous vivions toujours à l’âge du fer : le plus bel âge de l’Humanité. * * * Le bois nous avait fait oublier le métal. Et nous nous trouvons devant une splendeur nouvelle celle des lignes épurées par la mécanique, celle des formes précises d’une matière travaillée en série. Le bois, nous n’en disons pas de mal, avait une tendre sensibilité. Le métal possède une intelligence nette, exacte, raisonnée, lumineuse. Celle de notre temps : banque, électricité, records. Un vers de Paul Valéry est une belle pièce de métal polie et justement assemblée. L’arbre a une existence propre. Nous l’assassinons pour notre usage. Au contraire, le métal est une création de l’homme. Sa vie ne commence qu’à la fonderie, où le minerai devient une source jaillissante, immaculée. Vision immatérielle d’un élément qui ne parait ni chaud ni froid, ni liquide ni solide, mais seulement- d’une fantastique incandescençe. 4 4 Vie merveilleuse du métal. Du minerai brut à la pièce fabriquée : fondu, forgé, embouti, étiré, soudé, rivé, vingt fois il change de forme, de consistance, de couleur, de température. Il se tord, se contracte, s’amollit, se durcit; il chante, il crie, il résonne, il gémit sous les machines où il est son propre bourreau, l’instrument même de sa perfection. Et aux pires moments de sa passion, les étincelles qu’il répand sont comme des gouttes de sang lumineux. Nous n’aimions que les métaux précieux, les métaux à valeur d’échange, les métaux décoratifs, abstraits, morts. Maintenant nous aimons le métal laborieux, utilitaire, le métal vivant. Au reste, nous avons pris horreur du clinquant, de l’ostentation. Il n’y a plus de bijoux d’or, mais des bijoux de platine. Et le cuivre ne sert plus pour les chaudières, 222