à arc, la course des autobus et les sonneries annonçant le spectacle à la mode. Ici encore, il est important de pren-dre souci de l’heure. Et puis, comme ils sont accablants les soupirs des spectatrices, à cette minute où vient les faire lever l’importun peur lequel n’existe sans doute point, dans une pièce, le sujet, la progression dramatique et, si nous sommes à I Opéra ou à l’Opéra-Comique, l’architec. ture symphonique qui distingue un maître d’un apprenti I Ce soir, pourquoi se presser ? Pourquoi, si nous avons le désir d’éccuter une page de Claude Debussy qu’entre toutes nous choisirons, pourquoi subir l’arbitraire, la conven. tion d’un programme composé, je le sais bien, pour réunir le plus grand public, mais qui, à la fin, ne réussit qu’à éloigner les véritables amis d’un art dont il faudrait avoir le courage d’exalter l’aristocratie. Nous commençons à peine à considérer le théâtre de Wagner avec un assez grand détachement des querelles qui accompagnèrent ses premières manifestations. Il sem-blerait vain de reprendre en 1929, une polémique dont le sens n’apparaitrait plus à personne. L’époque est évidem ment finie des disputes « pour ou contre » des actes où le plus grand talent, un génie et une hardiesse de conception dramatique véritablement extraordinaires imposent le res. pect. Les procédés d’écriture de « Tristan ou de « . La Tétralogie » ne peuvent encore surprendre on les a vus mille fois, déformés sans doute, mais si reconnaissables, à travers la production de presque tous les jeunes musiciens grandis à la fin du dernier siècle et qui découvrirent à Bayreuth les dogmes d’une religion qui apportait à la mu-sique, avec des moyens d’expression inédits, non seulement une esthétique, mais une sorte de métaphysique saisis. sante. Quelle aisance si nous devons maintenant formu-ler notre sentiment sur une crise d’une telle importance ! Le catéchisme wagnérien n’est plus une suite de certitudes qu’il y aurait sacrilège à examiner. Non seulement De. bussy, mais Stravinsky et Ravel sont venus, nous propo. sant chacun des exemples que nous avons su écouter. Peut-on le dire, il ne nous viendrait pas à l’idée de pren-dre à notre tour le chemin de Bayreuth. Il n’est plus im. portun de dénoncer cet ennui dont s’accompagnent tant d’épisodes de « La Walkyrie » ou du « Crépuscule des Dieux Mais alors, comment, si le désir nous en vient, dérouler les mélodies passionnées par lesquelles Iseult adres. sera, tant d’années passées et de modes, ces aveux dont la passion s’exprime dans une langue à laquelle il est im. possible d’opposer une résistance ? Voici, sur la table, une pile de disques qu’il suffit de tirer de leurs enveloppes. Mettez en marche l’appareil. Avec une incroyable pureté se détache le chant du cor anglais. Le troisième acte de « Tristan » va commencer Le gérant : IL de ROUX et vous admirerez la pénétrante conviction des interprètes dont « Columbia » a fixé dans une série que tous les mu. siciens ne peuvent manquer de réunir, l’effort harmonieux. Quelle soirée nous allons passer, cependant qu’au dehors se prolongera l’affairement coutumier ! Ici nous arrêterons le disque, à ce moment du développement où la pensée wagnérienne ne nous apporte plus une joie aussi convain. cante que tout à l’heure… Voici encore le prodigieux en-registrement de « L’Oiseau de Feu ». Pas un détail ne disparaît d’une orchestration qui, au contraire, transportée aussi loin de la fosse du Châtelet ou de l’Opéra, prend une espèce de nouveauté dont il est passionnant d’essayer de pénétrer les motifs. Chez a Gramophone », les < Pré-ludes u. de Litz, ce mois-ci, retiennent notre plus ardente curiosité. Après « Tristan nous réentendrons, avec quel profit ! les pages prophétiques du maître le plus généreux. Et nous terminerons ce choix généreux d'une musique entre toutes persuasive par un disque qui paraît bien de. voir prendre place au premier rang. Il s'agit de la « Fan-taisie en sol mineur » de Bach. On regrette seulement de ne pas entendre par la même occasion la e Fugue » qui l'accompagne. M. Cornette, organiste de la Pri. mitiale de Lyon, joue avec une perfection dont il faut confesser qu'elle est pour nous la plus authentique révélation. Quelle ampleur magnifique dans ces périodes déroulées avec l'aisance que seuls, du premier coup, sa-vent trouver les maîtres ! Les notes nous parviennent, sûres de leur course, et montent vers leurs auditeurs, portant dans la chambre où tourne la plaque du phonographe, avec les pensées sublimes de Bach, quelque chose d'illi-mité et de grave qui demeurera toujours pour nous le signe incomparable de ce très beau disque. GEORGES AURIC. ■ Une nouvelle collection de livres de luxe: Monsieur Walter, le directeur des Éditions des 4 Chemins, commence la publication d'une nouvelle suite de livres de luxe consacrée aux arts appliqués, qui a pour titre Collection des Idées Décoratives Nouvelles Comme routes les éditions des 4 Chemins, celle'ci sera particulièrement soignée. Tirée sur papier Lafurna du format in-quarto raisin, les planches en couleur sont au pochoir et tirées par les ateliers de Jacomet. Le premier volume est consacré aux tapis de V. Boberrnan. Il est tiré à 750 exemplaires dont 100 numérotés, chacun, contenant une lithographie originale signée de l'artiste. C'est l'éminent critique M. Maurice RAYNAL qui a bien voulu en écrire la préface. C'est un album sur ceuvre de Fernand Léger, qui fera suite à celui-ci. 119 Horland. Paris.