réponse, si elles ne veulent pas avoir un crime sur la conscience : « Le plat que je n’aime pas ? Les moules, et c’est là, d’ailleurs, de l’ingratitude, car je chérissais autrefois ces crustacés qui m’ont pris en haine sans raison. Les moules c’est pour moi l’empoisonnement immédiat !! ! Elles seront ma suprême ressource à l’heure où je serai désabusé de la vie. Le Prince des gastronomes, M. CUR-nonski, en fin gourmet, est justement sévère : « Les plats que je n’aime pas ! ! mais ils sont « trop », mon cher Confrère, tous les plats tarabiscotés de la cui-sine de palace et de série, toutes les sauces liées à la farine, tous les prétendus déglaçages au Porto et au Xérès, toutes les farces meurtrières aux foies gras sophistiquées, toutes les ratatouilles thermo-chimiques et gélatineuses que les snobs s’ingurgitent au son du jazz-band… tout ce qui n’est pas la vraie cuisine française, « simple et loyale » où rien ne remplace le beurre. A vous de tout CUR. » L’auteur de « Jeanne d’Arc » et des Poilus », Joseph Delteil nous écrit : « Je n’aime pas les nouilles, pas du tout. » Le Maître de la Cuisine française, Prosper Montagne défend avec la fougue et la compétence qu’on lui connaît, la « vraie » cuisine française : « Quel est le plat que je n’aime pas, mais naturellement celui qui est mauvais et je classe parmi les « mauvais plats » tous ceux que l’on nous offre aujourd’hui et que pour des raisons qui n’ont rien de culinaire, certains snobs d e la gastronomie montent hyperboliquement. Voilà, Mon-sieur, quels sont les plats que je n’aime pas. Je ne les aime pas parce que j’aime la bonne cuisine, celle qui, jus-qu’ici, se faisait sans bruit de grosse caisse, et qui finira par disparaître si les plats vantés par les snobs continuent à se multiplier. » Le sympathique humoriste Becan, au crayon si mordant, nous répond catégori-quement : 144 « En réponse à votre enquête, et afin de documenter mes hôtes éventuels, je vous déclare que je n’aime pas les escargots, même lorsqu’ils sont en mou de veau (je n’aime pas non plus le mou de veau). » Charles Oulmont, l’éminent auteur du Livre des Amants » et des « Lunettes de l’Amateur d’Art », nous répond : « Le plat que je n’aime pas ? iD Celui que j’aimais en face d’amis et qui me « dé-plaît » soudain quand je suis avec des gens qui me « déplaisent ». 2″ Celui que j’aimais trop et dont on m’a dégoûté en me le servant… à toutes les sauces pour me faire plaisir. » La requéte de Gaston Derys, l’auteur de I’ « Art d’être gourmand », trouvera-t-elle un écho ? « Le plat que je n’aime pas est celui que je suis contraint d’absorber à côté d’un de ces snobs ou d’une de ces pim-bèches qui fument en mangeant. Cette coutume barbare qui nous vient d’Amérique, pays du monde où l’on mange le plus mal, est bien le comble de la goujaterie et de la sottise. Je demande la création de restaurants de non-fumeurs.:, Djo-Bourgeois, l’architecte amoureux des lignes pures et droites, nous répond briève-ment mais fort judicieusement : « Le plat que je n’aime pas ? Mon plat préféré quand il est mal fait. » Notre collaborateur James de Coquet, dont nos lecteurs apprécient si justement les chroniques étincelantes, nous dit : « Le plat que je n’aime pas? Les « tripes ». Et pour-tant je suis un homme d’intérieur. » L’éminent Président du Club des Cents, M. Louis Forest nous dit : « Il y en a quelques-uns, mais je ne citerai que la brandade de morue, en particulier, et le chou rouge. » L’Enquêteur Henry DE Roux.