DAME A SA 1,1, et son plancher de bois français en rosaces avec son chiffre de deux lettres entrelacées, tout rappelle l’ancien temps, comme aussi la tonalité trop tendre du cabinet prochain avec ses draperies roses, ses meubles de tapisserie fond blanc avec fleurs au naturel brodées au petit point, chaque pièce ayant son bouquet différent, les chaises en X ornées de fruits, et l’écran portant un chiffre en fleurs et guir-landes. La cheminée est de marbre vert Campan ‘rehaussée de bronze, la pendule et les candélabres d’albâtre et de métal sont naturellement dessinés par Normand. Quant 16 au reste des appartements, il m’attriste par son uniforme laqué blanc et or, calqué sur le salon de compagnie de Madame la Duchesse de Berri. Est-ce voulu ou non, ma tante semble vivre dans un ensemble mi-Directoire, mi-Empire, pour ne pas dire : ancien régime. Quant à moi qui ait le goût du nouveau, je me suis fait faire un lit comme celui de la Marquise de Biron, rue Louis-le-Grand : une couchette pareille à celle d’Isabeau de Bavière sans doute, avec des amours de petites niches en arcatures dont le bois est décoré. Ma psyché-écran semble une verrière de cathé-drale qui représente dans un coloris intense une scène de la vie de Duguesclin. Je vous dirai que nous soignons davantage l’exécution de nos cabinets ou de nos chambres, que celui de nos salons. Cela se conçoit, puisque c’est là que nous vivons, faisons notre correspondance et nous amu-sons à de mignons travaux. C’est l’endroit réservé aux bibelots, aux meubles minuscules, aux jardinières fleuries. Ah ! si vous voyiez comme j’ai disposé sur nia cheminée dix et un objets adorables et disparates, pour la joie de mes yeux. Et quand je suis assise devant mon secrétaire à pupitre avec son attirail de chez Susse, ses encriers de bronze doré, ses plumes de cordeau, ses canifs, ses grattoirs, ses poinçons et mes divers genres de papiers (grand et petit poulet, petite tilignonucee, cartes de visite avec vignette gravée) quelle joie j’ai à contempler sur la commode mou PETIT DUNKERQUE (cela vient du bazar de la rue de Richelieu) où j’entasse à l’envi rochers de corail, croix de Naples, coupes et cabinets d’ébène.