KLAUS-JACOB THIELE HANS SCHAROUN SES IDÉES, SON ÉVOLUTION EN 1925, Oskar Moll, directeur de l’Académie des Beaux-Arts de Breslau, qui jouissait alors d’une renommée internatio-nale, nommait Hans Scharoun, âgé de 30 ans, professeur et chef des ateliers. A cette occasion on écrivit à Berlin : « Un des architectes les plus riches d’imagination et les plus modernes d’Allemagne a trouvé un domaine où il pourra exercer son activité avec les plus grandes chances de réussite. » Trente ans plus tard, Scharoun est président de l’Académie des Beaux-Arts de Berlin et à l’heure actuelle a été réélu à cette fonction pour la troisième fois. Son oeuvre ne peut être classée dans aucune « théorie d’archi-tecture », elle est l’expression même de sa vie. Scharoun est architecte, urbaniste, professeur, président, citoyen ; on lui a interdit de travailler, il a été combattu, on le vénère, il vit. Le mieux, c’est encore de citer ce qu’il a lui-même écrit en 1967 : « Tout d’abord, comme l’initiative venait des architectes sou-cieux de mettre fin à une situation artistique intolérable, on a cherché à définir des formes, un « art de la construction des cités ». Puis, avec le concours de spécialistes, sociologues, etc., on a essayé de déterminer les rapports fondamentaux entre la nature et la société, de corriger les schémas à partir de l’essentiel. On a également pris en considération des facteurs sociaux et économiques. Puis il a fallu tenir compte de la théorie de Martin Wagner sur le double aspect, tant économique qu’humain, de la construction, enfin de la tradition vivante, telle que nous la rendent sensible la configuration des bâtiments et la structure plane des axes de circulation historiquemnet valables… » A partir de 1912, Scharoun suivit les cours de la Berliner Technische Hochschule et participa, durant la première guerre mondiale, à la reconstruction de la Prusse Orientale. C’est là qu’il fit connaissance de Bruno Taut et qu’il participa au cercle animé par celui-ci « die glâserne Kette », d’où sortit plus tard l’associa-tion d’architectes, défenseurs du « Neues Bauen », « Der Ring », qui subit, entre autres, l’influence de Van de Velde, l’un des pre-miers animateurs du Werkbund. En 1927, sur le lotissement du Werkbund, à Stuttgart, Scha-roun construisit une maison unifamiliale et en 1929 un immeuble sur celui de Breslau. En outre, dès ses années d’études, il pré-senta de nombreux projets de concours. Tous ces travaux soule-vèrent forces discussions durant les années 20, sans doute parce qu’ils s’attaquaient à tous les problèmes de l’époque. En 1929, 30 et 31, Scharoun construisit des immeubles dans les quartiers résidentiels de Berlin. Ce furent des tentatives pour bâtir sur des terrains coûteux et en faisant appel uniquement à des capitaux privés, des appartements à « plan ouvert » tels qu’il en avait déjà réalisé à Stuttgart et Breslau. En 1929, il conçut les plans de la Siemensstadt, financé avec des fonds publics. Si l’on considère que le « fait d’habiter » est la qualité déter-minante, la différence entre la construction à caractère social et celle à caractère privé, est depuis la Siemensstadt, un concept périmé. La modification des rapports entre l’homme et l’espace crée un comportement nouveau et le nouveau mode de construc-tion qui en découle ne saurait plus s’intéresser à l’ « habillage », à la façade. Jeune étudiant, Scharoun pensait déjà qu’un archi p j tecte conscient devait s’attacher non pas aux « sensations » rrle La différenciation sociale en tant qu’expression de la vie doit pas être concrétisée sur le plan de l’habitat par une ségr gation mais dans un « ensemble ». Chacun, au départ, doit av(1 les « mêmes chances ». ti La conception de Scharoun se base essentiellement sur l’id( de l’ « espace central ». a « Cette idée se retrouve sous différentes formes mais impc que qu’intérieur et extérieur sont liés, qu’il y a continuité enta, le domaine public et le domaine familial. Aux membres de famille et aux amis « espace central » donne l’impulsion por, des actions communes, qu’il soit occupé par une table à dessic un établi ou un instrument de musique. Il en découle aussi bic la forme des différents objets de construction que la structure t, plan-masse, puisque ceux-ci sont issus d’une position et d% éloignement des voisins toujours semblables et d’une forme ider, tique d’ « espace central ». t, Les jardins d’hiver même modestes des logements de la Sic mensstadt relient l’espace habité aux espaces libres entre Is rangées de maisons. Ceux-ci se réunissent en un espace vert ce r tral avec terrains de jeu et école. C’est la première réalisation d'[ef » ensemble collectif selon le mode « ouvert » de construct(c urbaine. Sous le régime hitlérien, Scharoun n’a pu réaliser que clip ques maisons particulières. La villa Schminke à Lijibau (Saxe) une construction tout en acier qui semble présager la techniqf des avions, est ancrée de multiples façons dans le paysage r donne l’impression de flotter à sa rencontre. à la « réflexion ». Durant cette période et jusqu’en 1945 il produit inlassab ment des dessins et des esquisses qui serviront de base à s créations d’après guerre. Dès la fin des hostilités il dirige l’Offid municipal de la construction et de l’habitat et crée un grouf de travail pour la définition des bases intellectuelles de la play fication urbaine. En 1946, le « Berliner Kollektiv » présenta public ses premiers plans révolutionnaires pour la reconstructii de Berlin qui réservent un développement fécond de la vic jusque dans un avenir éloigné. Et, bien que ce concept eût e pensé de façon essentiellement pratique, les connaissances the riques d’urbanisme qu’il a apportées sont loin encore d’ê1( exploitées en entier. ( ( , « … Le plan présenté en 1946 par le groupe berlinois de p nification partait des fonctions, de leur liaison avec les élémer appréciables et visibles de la construction urbaine, tels que l’ha tat, le travail, la circulation, les services et enfin /es loisirs etl culture. Ces éléments ont été dégagés et développés en tant ,q parties d’un complexe urbain et adaptés aux données du paysae aux nécessités économiques, etc…, le tout formant ce qu’ appelle le « paysage urbain » (Stadtlandschaft)… En 1958, pour le concours « Berlin-Capitale », Scharo, exprime à nouveau ses conceptions. Avec Wils Ebert on I décerne le deuxième prix. « The Architects Year Eook 9 » co dérait son projet comme étant « la première expression séria d’une structure nouvelle de la cité ». 10