MARGIT STABER HANS SCHAROUN CONTRIBUTION A L’ARCHITECTURE ORGANIQUE IL’IMPORTANCE de l’oeuvre architecturale de Hans Scharoun est incontestable ; c’est toL à la fois une production fondamentale, et l’une des plus riches de la Nouvelle Ecop d’Architectes. Des doutes pourraient toutefois subsister en ce qui concerne les basej théoriques sur lesquelles Scharoun a fondé son oeuvre, c’est-à-dire sa terminologie cRij utilise les notions d’ « organique » et d’ « essence » dont les significations sont multiples vr ambiguës. J o L’Architecture Organique. :r Dans la tradition de l’ « Architecture Organique » Hans Scharoun est très voisin de soi ami Hugo Hàring, son aîné de 11 ans, mort voici peu d’années. Il existe certainement aue une parenté idéologique avec Frank Lloyd Wright (la « maison naturelle »), mais l’interpr tation donnée par Scharoun est très européenne, voire spécifiquement allemande et ses fo mulations, comme ses réalisations lui sont indubitablement personnelles. Quel est donc pour lui le sens de ces termes ? Si l’on ne considère pas tout ce qui est « organique » comme un mode formel, dont discussion n’est pas notre propos ici, il ne peut s’agir alors que d’une analogie conceptuell( entre processus de représentation natures et artificiels. Scharoun insiste à maintes reprises dans ses écrits sur le fait que, pour lui, la notid( d’ « organique » est liée à l’organisation intérieure de la construction et à ses rapports avEl: e le monde extérieur. D’où l’exigence apparemment paradoxale suivante : L’ « organisme » créé artificiellement, le bâtiment doit se comporter d’une manièrk aussi naturelle qu’un organisme vivant, que ce soit dans sa structure, dans les relations ente les différents éléments, ou dans les rapports de ceux-ci et de l’ensemble. Ceci à son tol exige que l’apparence extérieure de cet « organisme » exprime également sa forme int, rieure, ce que Scharoun appelle « l’essence » des choses. Scharoun parle aussi de la soli; tion « essentielle » qui est « dynamisme » et non « schéma » et qui doit trouver, façonna( et réaliser aussi bien l’architecte que l’utilisateur de l’édifice. Ce dynamisme intègre l’espay, environnant ; l’édifice achevé n’est pas un objet, mais entretient avec son entourage d( rapports sociaux et humains. E Selon la définition de Hâring, l’édifice est un «organe de la vie influencé par son envol ronnement et réagissant sur lui ». E La construction va du dedans au dehors et du dehors au dedans. Quelques exempl( rendront cette pensée plus claire : je pense à la Philharmonie de Berlin qui se situe au débit de l’admirable oeuvre de maturité de Scharoun. Sa forme extérieure, sans aucune fente est monumentale, sans fausse grandeur. C’est un des éléments dominants de la partie dÉ Parc de Tiergarten qui se transforme, bien que de façon encore hésitante en paysage c culture. Il s’accorde aux silhouettes disparates de la Porte de Brandebourg, du ChâteJ( Bellevue (domicile berlinois du Président de la République Fédérale) et du nouveau Palal( des Congrès, oeuvre de l’architecte américain Stubbins, et est placé à proximité de l’Eglisc Saint-Mathieu, reconstruite dans un style néo-classique. De façon analogue les projets dl théâtre Municipal de Kassel et du théâtre national de Mannheim intégrés dynamiquement dans le paysage urbain par leur situation, leurs dimensions et leur forme, auraient pu valc riser leur lieu d’implantation. Citons, enfin, le lycée de jeunes filles de Lunen qui oppos à la ligne brisée des pignons de la ville moyénâgeuse et de l’église des pavillons alvéolaire disposés en éventail, créant ainsi des rapports formels aussi bien que spirituels entre ce( divers éléments. Ainsi, on pourrait qualifier la conception de Scharoun de « fonctionnalisme élargi » c le terme de fonction, rapporté au processus de formation, ne signifie rien d’autre que reP -lions entre l’homme et l’objet dans leurs dimensions pratiques et spirituelles. Ou encore, c pourrait parler d’une solution adaptée à son objet, contenant en elle les exigences spirituellf, de sorte que l’expression plastique ne s’oppose pas au but à atteindre, mais en découle. La représentation plastique. Les conséquences sur le plan de l’expression plastique que Scharoun a tirées de cett conception peuvent surprendre au premier abord, car la loi de la construction dans l’espac déduite directement de l’enchaînement des événements se refuse à être fixée au moyen dE formes usuelles. Un bâtiment de Scharoun est conçu comme une enveloppe entourant le fonctions auxquelles celui-ci doit servir, sans figer en coordonnées géométriques statiquE ou en éléments formels et stéréotypés soi-disant « organiques » l’asymétrie et l’absence c plans perspectifs, qui résultent de cette conception. Ceci conduit souvent à des plans difI ciles à expliciter et à des formes inhabituelles dans lesquelles, au-delà de l’organisatic rationnelle, il subsiste un résidu réfractaire à toute analyse, une puissance animatrice c l’espace indéfinissable, sans que pour cela on tombe dans l’art pour l’art. Scharoun s’est inspiré de la Citta Nuova de St. Elia et devant ses projets on établ inconsciemment un rapport avec Rudolf Steiner, créateur du « Goetheanum » à Dornac près de Bâle, qui, comme lui, a compris l’espace comme une puissance plastique totale. Puis vint la rencontre avec Gaudi. Ces conceptions encore imaginaires de l’espac « je ne savais pas encore l’aspect qu’avaient les choses en bas sur la terre », traverse ensuite le filtre de la réflexion concrète ; c’est là qu’intervient l’influence des conception de Peter Behrens et de Hans Poelzig qui cherchaient à combiner « l’esprit de ‘a ie,J1 baptisé solennellement « esprit de l’époque » avec une simplicité réaliste à tendùnce ;non mentale.