LES ETUDES DU SOL. Dick Reynolds a effectué une série d’essais de sols dans le sec-teur de la terrasse bordant l’océan, étudiant la profondeur, la texture, la perméabilité, le drainage, la fertilité naturelle, les caractéristiques d’érosion et la teneur en eau des différents types de sols rencontrés. De plus, des relevés ont été effectués sur la végétation des herbages. A partir de ces résultats ont été préparés des plans d’utilisation pour l’architecture, la plantation et le pâturage. Ces études ont été utiles pour identifier des caractéristiques très localisées du secteur ; el es ont provoqué des modifications et des améliorations du plan-masse. Par exemple, une zone prévue en habitations individuelles s’est avérée difficile à drainer en hiver, car elle devenait un marécage. Deux possibilités se présentent pour l’aménagement futur de ce secteur — il pourrait être remblayé, ou on pourrait y construire un immeuble en copropriété sur pilotis, ce qui préserverait la végétation extraordinairement riche de ce lieu. Les études ont décelé également une zone de sol particulièrement vulné-rable à l’érosion près de la région prévue pour l’aménagement du village à l’extrémité nord du domaine. Cette zone d’érosion est inadap-tée à l’agriculture ou à la plantation, mais elle serait idéale pour la circulation. Il est possible que le village soit déplacé dans le plan final. Comme dit Reynolds: « On ne sait jamais quel e sera l’utilité précise d’une étude du sol, mais elle vous fournit un fond inestimable d’information. On est renseigné et on est prévenu! » ENTRETIEN. L’attitude du bureau Halprin a conduit vers une utilisation du terrain qui implique un engagement à long terme. « Vous ne pouvez pas créer une situation et puis l’abandonner », dit Reynolds. « Vous pouvez la créer pour qu’elle nécessite le minimum de soin, mais elle a néanmoins besoin d’attention continue. Pour préserver les haies, par exemple, il faut prévoir des plantations supplémentaires, pour préserver les champs de la brousse et de l’érosion, il faut faucher, mettre en pâturage cu brûler à intervalles réguliers; l’élevage de moutons a besoin d’être étudié dans toute la région, la forêt doit être nettoyée régulièrement. Tout ceci nécessite une attention conti-nue. L’ayant reconnu, la société Oceanic a récemment décidé d’enga-ger un directeur des domaines. RESTRICTIONS. Jusçu’ici, le projet a été contrôlé par un groupe restreint d’archi-tectes. Au fur et à mesure que les maisons se construiront, le ton général de l’ensemble pourrait bien suivre celui des banlieues-types. Le processus d’acclimatation sera peut-être lent pour une population qui est fondamentalement urbaine, orientée vers les loisirs organisés et étrangère à l’appréciation des qualités particulièrement spécifiques d’un environnement naturel. Pour préserver la beauté naturelle du secteur, la société a établi une série de règlements permettant de contrôler le caractère des bâtiments et la préservation des espaces libres. Tous les pans d’habitations individuelles doivent être soumis à un comité d’étude des projets pour leur approbation. (Le comité comprend trois membres, dont un architecte.) Une liste des restric-tions a été dressée, précisant quelques-unes des caractéristiques architecturales: par exemple, toutes les finitions extérieures doivent être naturelles, aucun matériau réfléchissant n’est toléré, et la gamme des coloris est soigneusement contrôlée dans les nuances des bruns, des gris et des verts. Aucune barrière métallique n’est permise, sauf peut-être pour un court de tennis, etc. Le terrain lui-même est divisé en trois catégories : privé, privé mais soumis aux restrictions, et commun. Pour s’assurer que les zones communes sont traitées avec respect, le propriétaire d’un lot privé devient membre de l’association des copropriétaires, et ainsi obtient une part des terrains communs. Il possède un droit de vote sur l’utilisation de ceux-ci, mais sa part n’est pas négociable. Ces ter-rains ne peuvent être lotis. Si un occupant vend sa propriété, sa part est transférée à l’acheteur. D’après les lois foncières actuelles, ces conditions ne sont pas pleinement assurées; les droits de pro-priété sont tels aux Etats-Unis que l’individu possède des droits prati-quement inviolables sur sa terre. La légalité de cette association pourrait donc être remise en question. Une des difficultés rencontrées dans la vente du terrain à Sea Ranch consistait à persuader les acheteurs qu’ils payaient non pas une parcelle de dimensions particulières, mais que les parcelles sont évaluées d’après leur emplacement, la vue et la facilité de construc-tion et que, de plus, ils achetaient une part de terrain commun. Pour faciliter les ventes, un secteur semi-privé a été désigné aux bords des lotissements. Cette parcelle appartient au propriétaire, mais il ne peut pas y construire ou planter un type de végétation inadaptée à la région. Toute plantation étrangère à la localité doit être comprise à l’abri des murs du jardin dans le secteur privé de la parcelle. Ces règlements sont prévus pour s’assurer que le paysage naturel puisse envahir jusqu’aux bâtiments et clôtures, et qu’il soit impos-sible de distinguer les zones communes des zones privées. Aucun parc ou pelouse ne viendra détruire le caractère de l’ensemble. Boeke a rencontré des difficultés considérables pour persuader la direction que ces règlements n’empêcheraient pas la vente. Il estimait qu’ils étaient indispensables pour préserver le caractère du site. I:s sont suffisamment souples pour ne pas restreindre une conception architecturale brillante, tout en offrant un cadre pour donner le ton général à l’ensemble. Extrait de « Progressive Architecture », mai 1966. Restaurant et magasin (I Esherick). Club d’athlétisme (M.L.T.W.). Demandé par Halprin, un programme de nettoyage et d’enrichissement des prairies et des forêts a été établi. Un vaste reboise-ment portant sur plus de 100 000 arbres est en cours. Les terrains sont vendus de 30 000 à 65 000 francs selon la grandeur et la situation. Deux autres « condominiums >, vont être construits, le premier par les architectes Marquis et Stoller (dessin ci-dessous), le second, situé dans les collines, par Moore, Lyndon, Turnbull et Whitaker. Un aéroport vient d’être achevé qui met Sea Ranch à une heure de la baie de San Francisco.