COLLECTION TEMOINS ET TEMOIGNAGES. Editions de la Connaissance, Bruxelles. Dada, Art et Anti-art, par Hans Richter. La Collection Témoins et Témoignages se propose de • faire revivre l’am-biance dans laquelle les protagonistes des g ands mouvements artistiques de notre siècle ont oeuvré, de faire participer le lecteur à leur vie, leurs espoirs, leurs combats et leurs triomphes, et de faire parler les oeuvres et les docu-ments originaux de l’époque par leur reproduction et leur interprétation Le titre • Dada, art et anti-art • paraît contradictoire, mais c’est précisé-ment le paradoxe qui est la caractéristique de ce mouvement. Comme deux volets d’un renouveau spirituel, destruction et construction font de Dada plus qu’un nouveau mouvement artistique. Les anciennes notions de l’art avaient été vidées de leur sens par les botieversements de la Grande Guerre. C’est pour cela que Dada fut contre l’art de l’époque. Dada n’est pas fondé, comme les mouvements précédents, sur un style formel déterminé, sur des principes et des méthodes. Une liberté totale et l’utilisation de toute matière pour le travail créateur deviennent son principe fondamental. Des déchets et des objets trouvés ouvrent soudain un monde de possibilités et de formes nou-velles Comme membre actif, Hans Richter fit partie du mouvement Dada à Zurich de 1916 à 1920. Témoin lui-même, il a pu réunir de nombreux témoi-gnages qui lui ont permis de brosse un tableau vivant de ce mouvement si controversé, en évoquant les grands faits Dada, tels qu’ils se sont produits à Zürich, New York, Berlin, Paris et ailleurs. Chemins du Surréalisme, par Patrick Waldberg. Patrick Waldberg nous livre, par son texte et son choix de documents, un aperçu sur les sources et l’origine du • Surréalisme •, ses divers développe-ments dans le temps et dans l’espace. L’auteur, qui appartint pendant une dizaine d’années au • groupe surréaliste •, pour se cantonner par la suite dans le rôle d’observateur et chroniqueur, fournit au lecteur une image succincte, mais très nuancée, du phénomène • surréalisme •, tout en lui permettant, par une anthologie d’extraits de manifestes et de textes, de former son propre jugement. Rappelons que l’auteur, américain de culture française, poète, essayiste, historien d’art, se lia dès 1932 aux poètes et artistes surréalistes. Il a écrit une grande biographie de Max Ernst et un essai sur le surréalisme qui font autorité. Le présent ouvrage comporte également des textes d’Eluard, Desnos, Aragon, Artaud, Max Ernst, André Breton, et des reproductions de documents et d’ceuvres. Ces deux excellents ouvrages permettent de mieux comprendre des mouve-ments dont l’influence demeure profonde de nos jours. PSYCHOPATHOLOGIE DE L’EXPRESSION. Edité pour Sandoz S.A. par les Edi-tions S. Karger, Bâle, New York. Nous avions signalé dans notre no 47 (octobre 1964) la parution des trois premiers volumes de cette excellente collection consacrée à l’étude des rapports entre les évolutions psycho-pathologiques et leurs expressions picturales et graphiques. Nous venons de recevoir les trois volumes suivants. Rappelons que chacun est composé de douze planches de reproductions de peintures de malades, accompagnées d’une introduction et du diagnostic médical pour chaque cas. Volume 4. Le dessin de l’enfant et sa valeur dans les relations entre médecin et malade. Présentation par Carlo Traversa, professeur à l’Ecole de spécia-lisation en neuropsychiatrie infantile de l’Université de Rome. L’iconographie présentée dans ce volume a été choisie parmi .es six cents dessins figurant à l’exposition de dessins d’enfants organisée lors du Deuxième Congrès Européen de Pédopsychiatrie qui s’est tenu à Rome en 1963. Le médecin précise quel est, pour lui, l’apport du dessin d’enfant : • Nos petits malades nous fournissent parfois, pendant l’observation diagnostique ou au cours de la psychothérapie, un ou plusieurs dessins qui, bien plus que ceux de leur production habituelle, nous aident à résoudre nos perplexités et incertitudes concernant le diagnostic et le pronostic. Bien des fois, nous restons stupéfaits devant l’intuition heureuse dans le choix d’un contenu parti-culier ou dans l’attribution finale d’un titre, parfois devant la valeur significative absolue d’une certaine partie de la composition, d’une couleur, d’un accord chromatique, de quelques lignes, ou, enfin, devant l’apparition soudaine d’une émotion inconnue jusqu’ici à travers l’ • invention • d’un moyen technique nouveau, ou devant la combinaison de nombreux de ces éléments… Le produit graphique du malade ne doit plus être compris comme • expression de soi-même • et être ainsi limité dans sa valeur, mais il doit être utilisé et senti surtout comme un essai d’ • expression avec o. Du point de vue plastique, certains des dessins présentés sont remarquables, tel celui de ce garçon de 8 ans qui manie les couleurs avec une singulière maîtrise et nous montre • un taureau enfonçant une clôture •, ou cet autoportrait d’un lycéen de 12 ans. Volume 5. Le monde imagé d’Adolf MIK, présenté par Th. Spoerri, avec une préface du docteur W. Morgenthaler. • Lorsque Morgenthaler publia, en 1921, sa monographie sur Wôlfi, mono-graphie qui fut suivie, un an plus tard, par la collection de documents de Prinzhorn, la recherche scientifique prit une nouvelle orientation vers • la psycho-pathologie et l’expression artistique o. Plus tard, à l’ombre du slogan • génie et maladie •, nous n’entendons guère parler de • l’art des aliénés •, les critiques d’art ayant des objections à faire et de nombreux psychiatres craignant de dire des sottises. Par contre, les artistes eux-mêmes maintenaient leur intérêt particulier pour Wôlfi… Ces derniers temps, l’intérêt pour • l’art aliéné • connaît un nouvel essor. La pensée artistique adopte aujourd’hui des zones limitrophes de l’activité picturale, pour lesquelles les principes purement esthétiques de l’art classique ne sont plus valables, tels l’art infantile, l’art primitif ou populaire, caractérisés par le manque de perspective et d’exactitude du coloris, de l’anatomie et du détail… La controverse entre psychiatres et critiques d’art a perdu de sa rigueur du fait que le psychiatre emploie le terme • art • entre guillemets et le remplace par celui d’ • imagerie •, comme Prinzhorn l’avait déjà fait. Il ne s’agit plus du concept esthétique • art ou absence d’art • mais les oeuvres sont considérées comme étant des expressions et des intensités particulières d’un essai de création. • Interné depuis 1895 jusqu’à sa mort, en 1930, Wôlfi fut pendant tout ce temps poussé par une imagination débordante à écrire, composer, dessiner, et les planches présentées montrent un tempérament artistique indiscutable. Volume 6. L’ceuvre de Prinzhorn, base de la psychopathologie de l’expression. Présentation de W. von Baeyer et H. Hâfner. Prinzhorn, né en 1886, psychothérapeute expérimenté, connaissait à fond l’idéologie psychanalytique. A ces deux courants, qu’il sut réunir en une doctrine de la création artistique, s’ajouta une troisième : la même époque qui donna le jour à l’art moderne et à la psychanalyse, montra un intérêt particulier aux peuples et aux cultures primitifs. Les principaux psychiatres • essayèrent d’utiliser les découvertes concernant la pensée et l’expérience magico-archaïques des primitifs pour mieux comprendre des phénomènes psychiques anormaux ainsi que la fonction des couches psychiques profondes. Ces formes contemporaines d’idéation permirent à Prinzhorn d’établir un paral-lèle entre la singularité de certaines créations de malades mentaux et diverses oeuvres artistiques des primitifs à caractère enjoué ou totémico-cultuel. Il en fut de même pour les rapports avec les dessins d’enfants qui, du vivant de Prinzhorn, attirèrent l’intérêt général, grâce à l’extension révolutionnaire de la compréhension de l’art moderne o. Prinzhorn réunit une collection remarquable de plus de cinq mille oeuvres de cinq cents malades environ. Les seize planches figurant ici en sont extraites. Félicitons l’éditeur pour cette recherche intelligente dans un domaine passionnant et pour l’excellente présentation et la qualité des reproductions. TRESORS DE LA PREHISTOIRE, par Ch. Sacchi. Collection Marabout Scope. Il est réconfortant de voir une collection de poche, éminemment populaire, consacrer un de ses volumes à un sujet aussi sérieux et passionnant que la préhistoire. Le • marabout scope • voulant avant tout • apprendre à regarder », c’est par l’image que le lecteur découvre la préhistoire avec juste ce qu’il faut de texte pour que les habitués des techniques visuelles aient un support suffisant pour leur compréhension. Tentative intéressante. Bon choix de documentation. COLLECTION MIROIR DE L’ART. Editions Hermann, Paris. Dans cette excellente collection de poche qui se propose la réédition des principaux • écrits sur l’art • au cours des siècles, nous avons reçu trois volumes Stendhal. Du romantisme dans les arts. Introduction de Juliusz Starzinski. Stendhal fut l’un des premiers à prendre conscience des voies nouvelles où s’engageaient l’art et le goût de son temps. Ses écrits sur l’art constituent ce qu’on a pu appeler le • premier manifeste romantique de la peinture • et le témoignage d’une sensibilité si moderne déjà. On comprend donc l’admiration que Delacroix leur portait. Continuateur de l’abbé Dubos dans son but • d’expli-quer l’origine du plaisir que nous font les vers et les tableaux •, Stendhal annonce également Baudelaire lorsqu’il affirme, en particulier, que • la beauté antique est incompatible avec les passions modernes •. C’est l’éminent stendhalien Juliusz Starzinski, professeur à la Faculté des Lettres de Varsovie, qui a réalisé cette anthologie, recueillant les textes de Stendhal sur l’art dispersés dans plusieurs de ses oeuvres et dont certains sont inconnus du grand public. Sa très brillante introduction explique l’influence que Stendhal exerça sur le public jeune qu’il souhaitait toucher, et développe un aspect peu connu du passage de l’art classique à la sensibilité romantique du début du siècle dernier. Giorgio Vasari. Les peintres toscans. Présentation par André Chastel. Nous ne saurions à peu près rien des artistes de la Renaissance italienne sans le peintre-architecte-historien-chroniqueur Giorgio Vasari. Ce volume inaugure la publication de ses • Vies des plus excellents peintres, sculpteurs et architectes • avec celles des peintres toscans — de Cimabue et Giotto à Botticelli et Le Perugin — à la fois savoureuses, vivantes et indis-pensables pour connaître les sources de nos connaissances en Histoire de la Renaissance italienne. En même temps, Vasari est, en quelque sorte, le premier véritable historien d’art, même si, comme le dit dans son introduction André Chastel, • le lecteur moderne ne trouve pas chez Vasari, homme de la Renais-sance, le mouvement de l’histoire, mais une série de monographies engagées dans un schéma général où dominent les héros de l’évolution : celui de l’émancipation : Giotto, de la maturité : Masaccio, de la perfection : Michel-Ange ». Chaque • vie », présentée et annotée par André Chastel, est une traduction intégrale, due à un groupe de travail du séminaire que l’auteur dirige de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes. Félix Fénéon. Au-delà de l’impressionnisme. Introduction de Françoise Cachin. Malgré l’admiration que, de Mallarmé à Rémy de Gourmont il y a plus de cinquante ans, jusqu’à Jean Paulhan et André Breton aujourd’hui, les meilleurs juges ont portée à Félix Fénéon, on connaît mal ce critique subtil et presque infaillible de l’époque symboliste. Critique littéraire, Fénéon fut, avec Verlaine, un des premiers à publier et à faire connaître au public Laforgue et Rimbaud, avant de devenir l’éminence grise — de 1894 à 1903 — de la • Revue Blanche • où paraissent grâce à lui de tout jeunes inconnus : Apollinaire, Gide, Jarry, Gorki, etc., puis de diriger les éditions de La Sirène qui publient les premiers textes de Cendrars et James Joyce. Grand collectionneur de peinture moderne, il fut en outre l’un des premiers à mettre à l’honneur l’art nègre. Mais, en réalité, Félix Fénéon mérite surtout de passer à la postérité pour avoir • découvert • et tenté d’expliquer, dans un langage souvent mallarméen, la peinture de Seurat. L’ensemble de sa critique d’art est réuni et commenté ici par Françoise Cachin. Certains de ces textes avaient été publiés par J. Paulhan dans son édition des oeuvres de Fénéon en 1947, mais la plupart dormaient depuis un demi-siècle dans les périodiques de l’époque. L’introduction lucide de Françoise Cachin est un apport précieux pour la connaissance du personnage, de son oeuvre et de son temps. CATALOGUE DES TRAVAUX DE JEAN DUBUFFET, élaboré par Max Loreau. Editions Jean-Jacques Pauvert, Paris. Le catalogue intégral des travaux de Jean Dubuffet sera publié en vingt fascicules parmi lesquels sont déjà parus, dans l’ordre : fascicule XVI : Les phénomènes ; fascicule XV : As-tu cueilli la fleur de barbe ; fascicule XIX : Paris Circus • fascicule V : Paysages grotesques fascicule VI : Corps de dames ; fascicule I : Marionnettes de la ville et de la campagne ; fascicule II ; Mirobolus, Macadam et Cie ; fascicule XX : L’Hourloupe I. C’est une oeuvre imposante et ambitieuse que se propose l’éditeur de ce catalogue des œuvres de Dubuffet. Max Loreau donne lui-même une idée de l’ampleur de l’entreprise et de ses difficultés: • Considérant qu’un produit fini l’est aux deux sens du terme, Jean Dubuffet ne s’est guère occupé des pierres ouvragées qu’il jetait derrière lui ; elles ont atterri un peu partout, au gré du vent, dans des salons où l’orr cause, dans des salles de musées, dans des puits de pétrole, dans des chambres d’amis chers : rarement groupées. A tel point qu’il est devenu très malaisé de prendre la vraie mesure d’une oeuvre démesurée, indissociable de sa diversité et de sa surabondance. De cette profusion tentaculaire, seul un catalogue intégral des travaux de Jean Dubuffet pouvait donner l’idée. Dans le catalogue qui prend ici naissance seront reproduits par la photographie tous les • opera • de Jean Dubuffet. Un principe présidera au fractionnement en volumes, dont s’accom-pagne nécessairement une telle entreprise : restituer une image aussi conforme que possible de l’activité bigarrée de notre peintre. DUBUFFET ET LE VOYAGE AU CENTRE DE LA PERCEPTION, par Max Loreau. Editions La Jeune Parque, Paris. L’homme et l’artiste, analysés, décortiqués, reliés l’un à l’autre avec une pénétrante sympathie pour nous rendre plus proche l’univers de Jean Dubuffet. Excellent témoignage sur un artiste qui passionne son époque et se passionne pour elle. ENTRETIENS SUR L’ART ABSTRAIT, par Raymond Bayer. Editions Pierre Cailler, Genève. • Ces entretiens sur l’art abstrait sont nés d’une collaboration. Ils sont le fruit d’un meneur de jeu et de divers artistes réunis pendant une année chez moi, chaque quinzaine. Tous ces artistes ont exposé aux • Réalités Nouvelles ». Tous sont donc plus ou moins abstraits. Une sténotypiste a relevé leurs opinions et leurs discussions. Nous les reproduisons à peine condensées et à peu près sans retouche. • C’est ainsi que l’auteur présente cet ouvrage dans son avant-propos. De cette confrontation presque spontanée naissent des témoignages fort attachants des peintres de notre temps, obligés de cerner avec des mots Pceuvre jaillie des couleurs, des formes et puisées dans le conscient ou le subconscient de l’acte créateur. Du choc des idées et des controverses naît une image vivante de l’art d’aujourd’hui. Au sommaire : Introduction : l’art français contemporain. Hommage à Kandinsky. Hommage à Mondrian. Chapitre 1 : l’à-plat. Cesar Domela • un demi-relief ; la peinture-objet. Les abstraits méditerranéens : Magnelli. Arbitraire et compétence, méthode d’un mystique • Herbin, Nicolas Warb ou les variations d’un caprice. Henri Nouveau. Chapitre 2 • l’espace et les néo-constructivistes : expériences de l’Espace. Del Marie. Schôffer. Goetz. Art abstrait et géométrie. Exposé contradictoire de Del Marie et de Lancelot Ney. Chapitre 3 : Les musi-calistes. Le musicalisme d’après Henry Valensi. Bérard. Lempereur-Haut. Lancelot Ney. Klausz. Quelques musicalistes. Chapitre 4 : Dialectique des formes et de l’à-plat. Schneider. Soulages. Fleischmann. Chapitre 5 • Graphisme et peinture, écriture automatique : Hartung. Mathieu. Atlan. Chapitre 6 : Les surréalistes et l’abstrait. Le mouvement • dada • • Picabia ou les convictions d’un humoriste. Chapitre 7 : La sculpture et l’architecture abstraites : Béothy, André Bloc. Marthe Pan. Hamoudi. Shanko-Chandhri. LUCIO FONTANA, par Juan-Eduardo Cirlot. Editions Gustavo Gni, S.A., Barca; lone. Collection Nueva Orbita. La collection • Nouvel Orbite • se propose de présenter les artistes d’avant-garde dont rceuvre, non seulement offre des qualités d’originalités, mais a surtout cette particularité d’être ouverte vers l’avenir . Le présent ouvrage est consacré à Fontana et comporte de très nombreuses reproductions de ses oeuvres. Les textes sont en espagnol et en anglais. D. VALEIX. IND RT OC,