LES EXPOSITIONS A PARIS Bissière. « Le petit cheval Matta. Interrupteur de la mémoire. Oit MW •11111 Boom 11•13111 _i111111MI •••111111 BOUM IMIeb mu_ 1111110111i 1•1.1 :alcati. « Racconto ». Bellegarde. Cabine de chromotérapie Karahalios. , Pinces sans rire . Erma. Peinture. Photos L. Joubert, A. Morain, P. Golendorf. Rétrospective Bissière. Quand on se remémore les critiques acerbes soulevées il y a deux ans par la présentation à !a Biennale de Venise d’un important ensemble d’oeuvres de Bissière, il est réconfortant de cons-tater que depuis la disparition de l’artiste (1964), les musées européens se disputent l’honneur de faire connaître au grand public une oeuvre pictu-rale dont la signification profonde n’est guère à la portée du regardeur superficiel. La peinture de Bissière répond exactement à une certaine conception de la peinture française, à tel point, que sans l’avoir cherché, Bissière qui a travaillé si longtemps dans l’isolement et l’oubli, est devenu le chef de file de toute une génération de peintres imprégnés de post-cubisme, et qui sont passés de la figuration stylisée à une semi-abstraction à dési-nence impressionniste. Chez Bissière, les recher-ches techniques (peintures à l’oeuf, textures va-riées, tapisseries insolites), indiquent une audace inventive, mais en aucun cas gratuite. Ici, la tech-nique est un langage, devenu un style. Ce style rigoureux ferait parfois évoauer certaines toiles anciennes de Mondrian, mais un Mondrian lyri-que, presque effusionniste. Le don de la couleur, c’est l’art de capter la lumière et de transposer ses mutations dans l’instant même. Ce don, appro-fondi par la longue patience d’un recueillement aux aguets, circule d’un bout à l’autre de l’oeuvre de Bissière, comme un chant discret mais lan-cinant. C’est sans doute cela la peinture pour vivre. (Musée des Arts Décoratifs.) Simone FRIGERIO. Le Cheval Majeur de Duchamp-Villon. L’épreuve du temps n’a pas réussi à désamorcer la charge explosive en puissance, du Cheval de Duchamp-Villon. Cette sculpture-clé, jalon déter-minant dans l’histoire de la sculpture contempo-raine, n’est jamais devenue pour le visiteur de musée une oeuvre apprivoisée, d’approche facile. C’est en 1913 que le sculpteur Duchamp-Villon, frère de Jacques Villon et de Marcel Duchamp, commença ses études sur le Cheval. Nous connais-sions « Le Petit Cheval », « Le Grand Cheval », mais il aura fallu attendre plus d’un demi-siècle pour que nous soit présentée dans la dimension pour laquelle l’artiste l’avait conçue, cette oeuvre véritablement majeure. Ce Cheval monumental a été réalisé en bronze noir, il est présenté sur un socle tournant qui met en valeur le dynamisme des formes et intensifie l’importance des détails. Dans sa brillante préface, Jean Cassou a souligné « l’irréfutable force de présence » du Cheval Majeur, sa valeur en tant que « chef-d’oeuvre de lucidité » d’un artiste disparu prématurément, qui a peu produit, mais nous a laissé le plus haut témoignage de l’esprit de synthèse. (Galerie Louis Carré.) S. F. Morphologie Végétale. Une exposition insolite et d’un grand intérêt pour les architectes qui se préoccupent de l’amé-nagement d’un lieu suffisamment grand pour qu’un « environnement » artistique puisse y être créé, a métamorphosé une galerie parisienne de façon suggestive. C’est la première fois qu’il m’est donné, entrant dans une exposition, de pénétrer dans un jardin de rêve, celui-ci amé-nagé par un architecte paysagiste belge, Jean Delagne : il est vrai que l’architecte a réuni dans son jardin des sculptures végétales de Teshiga-hara, oui servent de contrepoint à celles des frères Pomodoro. Le grand collage de Van Levden ne se trouvait pas dépaysé au milieu d’un tel voisinage. Cette tentative de synthèse plastique à partir d’éléments a priori inconciliables aurait mé-rité une plus grande audience de public. (Galerie Internationale.) S. F. Recalcati. Cette exposition constitue pour le jeune peintre italien un moment important qui signe l’accession à une grande maturité et, peut-être, la fin de la période des empreintes. Le découpage en étoile rompt avec le cloisonné et donne une dynamique particulièrement attrayante à ces toiles. (Galerie André Schoeler.) Gérald GASSIOT-TALABOT. Edouard Pignon. L’hommage rendu par le Musée d’Art Moderne au peintre Edouard Pignon nous donne l’occasion de pouvoir enfin situer une démarche très authen-tique et finalement très personnelle. On a long-temps confondu Pignon, avec le groupe au sein duquel il exposa souvent dans les années 46-50. les Fougeron, Gischia, Marchand, Tailleux, Tal-coat… Nous connaissons la fortune irrégulière des autres, Pignon, lui, ne s’est laissé entamer par rien ni par personne, même pas par son ami Picasso. Il était cependant difficile de résister au raz de marée abstrait qui déferlait sur l’Ecole de Paris dans les années de l’après-guerre. Ce qui ne veut pas dire que la peinture de Pignon n’ait pas évolué elle aussi vers une non-figuration, à tra-vers le dynamisme de structures au trait de moins en moins assujetti au sujet. Autrefois, Pignon procédait par périodes consacrées à un sujet, jusqu’à l’épuisement des ressources du thème (période des Catalanes, période d’Ostende). Puis vinrent les séries des Nus, des Oliviers, les Batail-les. De plus en plus, et l’évidence nous en est donnée à travers les grandes toiles du musée, es recherches de l’artiste portaient sur les moyens d’appréhender une réalité picturale qui ne pouvait pas être la simple transcription du réel. Les pein-tures de ces dernières années respirent la pléni-tude d’un accomplissement probablement éla-boré, mais qui ne sent pas l’effort. On a parfois voulu rapprocher la facture de Pignon de l’expres-sionnisme Cobra, mais, ici encore, certaines qua-lités typiquement françaises ressortent avec évi-dence. (Musée National d’Art Moderne.) S. F. Arp. J’ai connu Arp, il n’intimidait personne, et pour-tant, la simplicité empreinte de bonhomie de son abord laissait percevoir une grande finesse d’esprit. Si le nom de Arp évoque l’une des plus prestigieuses figures de la sculpture contempo-raine, l’homme Arp aura été d’abord un poète. On connaît sa participation militante au mouve-ment Dada à Zürich en 1916, aux côtés de sa première femme Sophie Taeuber, dont l’art stric-tement constructiviste devait avoir une certaine influence sur ses oeuvres de jeunesse. Mais Arp était trop réceptif aux émanations de la vie sen-suelle pour dessécher son art en l’enfermant dans un formalisme rigide. Il a su créer des formes imaginaires qui cependant s’inspirent de la nature, de la morphologie. Ses collages, ses reliefs, ses peintures et surtout ses sculptures, reflètent, à toutes les époques, un lyrisme spontané qui est un hymne à la vie, j’ose dire à la joie de vivre. Si l’on peut rapprocher la pureté plastique de cer-taines sculptures de Arp de celles de Brancusi, chez Arp pourtant, la communication est toujours chaleureuse, et l’esthétique un peu en retrait sur l’éthique. Un naturel qui est son génie propre, caractérise l’oeuvre de Arp, c’est pourquoi sans cloute, son expression, si pleine de lui-même, ne saurait ouvrir de débouchés aux éventuels sui-veurs. Le jardin cultivé par Arp, ne peut plus être exploité par d’autres. S. F. Bellegarde. On a appris avec regret la fermeture de la Galerie J qui a vaillamment défendu pendant plu-sieurs années les tendances du Nouveau Réalisme et aui a bien rempli son contrat. C’est à Claude Bellegarde qu’est revenu le soin de clore cette aventure par l’exposition de ses Cabines où la recherche chromatique du peintre, utilisée à des fins psychologiques dans le typogramme, se trouve intégrée dans une action concertée sur l’homme. Le rapport de l’art et de la thérapeutique trouve ici une ébauche qui montre la profondeur et l’inté-rêt des recherches de Bellegarde. (Galerie J.) G. G.-T. Karahalios. Sur un jeu de mots, « Pinces sans rire », Karahalios nous présente les mille et une ma-nières d’accommoder des pinces à linge. Cela donne lieu aux jeux optiques et chromatiques les plus inventifs et à des variations souvent savou-reuses sur un alphabet réduit à LM’. lettre. Par cette exposition ce peintre manifeste u 7e .-1,p un, avec sa période précédente et nous propose une évolution très particulière de l’ob jet ‘nc ri é Jr la répétition et par l’intervention ch u, a q 9. (Galerie Meyer.) C. G