s’adjoignant les ressources de la peinture (Niki de Saint-Phalle, Mark Brusse), ou de l’électricité (Tinguely). Des matériaux imprévus ont permis à des artistes aussi différents que César, Viseux, Malaval, de rompre les barrières qui limitaient la sculpture. Une génération d’abstraits qui ne manque pas de talents, celle dont l’étoile a été Mathieu, s’est trouvée sacrifiée, entre la brillante génération abstraite qui a occupé le devant de la scène de 1945 à 1955 et le déferle-ment des nouveaux figuratifs. Je pense à des peintres comme Claude Georges, Georges Noël et quelques autres, dont Carrade, Debré. Le retour de flamme actuel dont bénéficient aussi bien aux Etats-Unis qu’à Paris les peintres abstraits de la génération des années 50, indique bien que tout espoir n’est pas perdu pour les artistes qui pensent que la formulation non-figurative offre encore des possibilités à exploiter. La figuration, même rajeunie, porte en soi ses limites. L’affrontement dramatique auquel nous assistons en ce moment entre des courants artistiques fondamentalement divers, devrait engendrer une richesse incomparable dans la création. Mal-heureusement, dans de trop nombreux cas, nous en sommes encore au niveau des intentions avortées avant terme. Jan Voss. S. F. C’est avec la conscience d’une information insuffisante, sinon, je l’espère, quant aux problèmes essentiels, du moins quant à l’individualité des très nombreux jeunes qui choisissent d’être artiste, que je consigne ies quel-ques observations suivantes, inspirées par les plus récents développe-ments de la peinture française. Il est certain qu’à l’intérieur de cel’e-ci le milieu parisien est considérablement appauvri, déformé même, quand on en retranche les participations étrangères. D’autre part les démarches tout à fait convaincantes, les certitudes, sont des plus rares mais n’en est-il pas ainsi pour chaque génération ? Il est arrivé souvent que l’humanité se crût à un tournant radical de son histoire. La continuité de l’art n’en a pas été chaque fois bouleversée pour autant. Il est probable que notre planète est engagée actuellement dans un processus de mutation profonde mais je n’en déduis pas que les moyens traditionnels de l’art soient évidemment condamnés à brève échéance, surtout au regard des techniques encore balbutiantes qui leur sont opposées. En attendant des progrès dans l’utilisation, par exemple, de méthodes électroniques, les procédés de l’art « mécaniques » (photo-graphie, trame…) restent entachées de lourdeur technologique et d’impro-visation artisanale. Chez un Alain Jacquet la dépersonnalisation n’apparaît pas encore comme un bénéfice, seul le caractère multipliable en est un. Tout ceci pour expliquer que je crois prématuré d’exclure de notre champ d’observation le tableau peint, lequel ne se prive d’ailleurs pas de reproduire à titre de matériau l’image mécanique et la « nouvelle nature » urbaine dont elle est une composante. C’est actuellement le cas pour Monory, qui en tire une vision personnelle, et (malheureusement ?) pour Rancillac. Non pour Ati!a que je « francise » hâtivement pour en faire l’exemple d’une certaine fidélité aux valeurs picturales reconnues jusqu’ici. Un assez curieux avatar de celles-ci réside dans l’emploi du grand pan-neau pour ce qui aurait autrefois impliqué le format du dessin : la satire mordante de Jacques Grinberg, l’ironie fantastique de Tisserant, l’humour narratif de Macréau ; de même peut-être pour Parré, et ceci parallèlement à l’usage encore peu nuancé que notre époque fait du choc rétinien. J’aime à constater que des artistes comme Dufo tiennent à se situer, à l’affût des possibles, aux limites entre plusieurs de ces catégories que la critique distingue par commodité. De même il n’est pas indispensable de déterminer si Arman ou Raysse font encore de la peinture et Raynaud déjà de la sculpture. Dans notre civilisation de l’image et de l’objet technique quel sera ce nouvel art dont on souhaite qu’il ne soit jamais trop « classable » ? Peut-être une réflexion sur l’image et l’objet eux-mêmes, comme me le suggère le peintre Le Gac qui a fait cette année une très intéressante première exposition. Une réflexion de l’art sur son langage — à une époque où les mécanismes du langage sont partout rééva’ués comme source créatrice — impliquant une participation accrue du spectateur. Dans cette optique se situent également les recherches d’environnements menées par certains artistes et critiques, et celles d’une nouvelle génération d’abstraits comme Buraglio. Et l’on n’oublie pas non plus le Groupe de recherches d’art visuel ni les travaux à tendance pus architectonique d’une Geneviève Claisse par exemple. Mais tout mode d’expression reste concevab:e pourvu qu’il convienne à tel tempérament, c’est-à-dire que tel tempérament soit à même de le renouveler. L’abstraction plus ou moins « Ecole de Paris » attire encore certains jeunes, ou l’expressionnisme, ou l’attitude surréa:iste; des per-sonnalités indépendantes, un Bonnier, un Jousselin, un Szafran…, peuvent toujours se manifester. Pourquoi pas des naïfs (sans procédés naïfs !) ou des figuratifs « classiques » ? Mais il n’y en a guère qui retiennent l’attention. G. G. Gilbert Gatellier – R7