Niki de Saint-Phalle. Georges Noël. Situation des jeunes artistes en France. Est-il plus facile aujourd’hui qu’il y a vingt ans d’être artiste et de se faire connaître comme tel ? Je répondrai oui en ce qui concerne les jeunes, à en juger par les manifestations où ne sont invités que les jeunes artistes. La France est le seul pays qui ait créé une Biennale réservée aux moins de 35 ans. Malgré les réserves qu’on peut formuler sur les modalités de la sélection française (trois jurys dont l’un modérateur), cette Biennale est la seule de cet esprit. La première, en 1959, a coïncidé avec la poussée d’une nouvelle floraison d’artistes qui ont concrétisé par des modes d’expression entièrement neufs le phénomène que, depuis, les sociologues ont appelé « le refus de l’héritage ». Un art le plus souvent nihiliste ou agressif a éclaté à Paris en même temps qu’à Londres ou New York. Je dis Paris, parce que parler de l’art en France signifie toujours l’art qui se fait à Paris, en dépit du battage monté de toutes pièces à propos d’une prétendue « école de Nice ». La diversité des tendances anarchiques qui se sont développées depuis six ou sept ans a déjà donné lieu à un premier essai de classification critique. C’est que, parallèlement à cette révolution des jeunes artistes, s’accomplissait une évolution de la critique. Une pléiade de jeunes et brillants critiques ont vécu l’aventure de ces nouveaux artistes, publiant des manifestes, organisant des expositions Simone Frigerio Photos A. de Menil, A. Morain, Shunk-Kender. Malaval. engagées. Citons à ce propos les expositions « Donner à voir », « Mytho-logies quotidiennes », « La Figuration narrative », etc. Le Salon de la Jeune Peinture a évolué vers un réalisme de moins en moins pompier. Les grands salons, Salon de Mai, Réalités Nouvelles, Comparaisons, Grands et Jeunes d’Aujourd’hui, Salon de la Jeune Sculpture, ont ouvert leurs portes à un nombre grandissant de jeunes. Malheureusement, les comités chargés de faire les invitations à ces salons forment des chapelles exclu-sives, et aujourd’hui comme à toutes les époques, l’artiste solitaire qui ne s’est intégré à aucun groupe à la mode, ou qui n’a pas de contacts avec les critiques dans le vent, a fort peu de chances de réussir à se faire connaître. L’art est une vocation, faire carrière dans les arts est une histoire de longue haleine. Le succès tapageur remporté par certains jeunes actuellement, n’est pas un gage de durée. En dehors des groupes intitu!és « recherche de l’art visuel », issus de la génération abstraite vasarélyenne, les nouvelles tendances actuelles relèvent soit du « nouveau réalisme » (Klein, Spoerri, Arman, Nains), de la « figuration narrative » (Rancillac, Foldès, Cheval-Bertrand, Voss), de l’expressionnisme érotique (Michel Parré, Aillaud). Il faudrait citer des surréalisants comme Betten-court, Graziani, signaler que les « objecteurs » se subdivisent en plusieurs clans. La sculpture elle-même a basculé du côté de la nouvelle figuration,