70 • Eglise de San Marino Photos R. Bencini. A mon avis, l’élément fondamental qui est à l’origine de Pceuvre archi-tecturale est la recherche de la continuité spatio-temporelle entre l’oeuvre elle-même et la cité réelle ou idéale — c’est-à-dire qui existe ou pourrait exister ; cité d’hommes, en tout cas, qui vivent dans leur temps et avec leur temps. Ainsi, la genèse d’une forme architecturale est dans mon effort d’homme et d’architecte qui est de me couler dans les réelles situations humaines, dans les requêtes de la vie pratique et spirituelle: un espace, et les formes qui en font partie, sont significatifs pour autant qu’ils se révèlent capables d’accueillir un mode d’être de l’homme dans sa vie individuelle et communautaire. Les intérêts purement formels et technolcgiques restent, pour moi, secondaires. Par exemple, la forme de l’église de l’autoroute du Soleii est née de l’idée d’une continuité entre l’autoroute, les parcours internes de l’église et le lieu du culte sacré: j’ai cherché à réaliser des espaces qui sollicitent la pensée de cet homme, qui vient de parcourir en automobile l’autoroute, pour qu’il considère, avec une application moins pressée que d’habitude. les réalités terrestres et supra-terrestres. En ce qui concerne l’église de San Marino, la forme a sa genèse dans la galerie panoramique, où le rappel de la ville est toujours présent et qui, en outre, relie les deux niveaux du terrain et continue la route du Borgo Maggiore. Ainsi le résultat plastique de toute oeuvre architecturale que je me pro-pose de réaliser n’est pas voulu en tant que tel, mats naît de la couver gence d’intérêts humains vivants qui m’inspirent et me dirigent, qu’il s’agisse de choisir un parcours plus agréabie ou une structure à modifier ou encore un mur à déplacer parce qu’il gêne une plus libre jouissance de l’espace. Ce que je veux offrir à l’homme qui devra habite/ les édifices que je projette, ce n’est pas un monde de formes personnelles, fruit de mes préfé-rences stylistiques, mais c’est son monde à lui, que j’essaye de comprendre toujours mieux. Je laisse un instant ma manière de voir et d’apprécier les réalités qui nous entourent, et j’entre dans la perspective des autres. J’essaye, en un mot d’établir les conditions les plus favorables à la matu-ration et à la définition lente de la torme architecturale vue comme un « coquillage » à l’image de l’homme. G. M. Giovanni MICHELU •