■ Les architectes n’ont rien à voir avec les grands ouvrages de notre temps. ■ Les architectes de notre temps n’existent pas encore. IR L’architecture est l’expression des pensées les plus puissantes. Pour les êtres humains elle sera une contrainte, ils y étoufferont o ils y vivront — vivront comme je le conçois. L’architecture, ce n’est pas l’enveloppe pour les instincts primitifs des masses. L’archi tecture, c’est l’incarnation de la puissance et des aspirations de quelques-uns. C’est une chose brutale, qui ne se sert plus de l’a, depuis longtemps déjà. Elle ne tient compte ni de la bêtise ni de la faiblesse. Elle ne sert jamais. Elle écrase ceux qui ne la su portent pas. L’architecture, c’est le droit de ceux qui ne croient pas au droit mais qui le créent. Elle est une arme. L’architecture s sert sans retenue des moyens les plus efficaces, qui sont à chaque instant à sa disposition. Les machines s’en sont emparée et le hommes ne sont plus que tolérés dans son domaine. ■ Walter Pichle Une période d’architecture se termine. Les faits révélateurs de cette fin n’ont cessé d surgir, de plus en plus nombreux, de plus en plus frappants. Il aura bien fallu se rendre à l’évidence : ce n’est pas l’académisme que l’on a fai mourir dans cette grande volonté d’abstinence (l’académisme peut-il mourir ?) mais plutô l’imagination, le sentiment, la poésie. Cette architecture qui se voulait réaliste, qui n’acceptait pas le romantisme, n’a p plus réso!u ses rapports avec les techniques que ses contacts avec le pouvoir politique qui n relèvent encore que de l’ignorance, de l’incohérence et de l’impuissance. L’ « architecture » s’est isolée, enfermée dans un carcan culturel ou plutôt cultuel, loi de la « construction » qui en a profité pour eniahir tout notre environnement. Devant l’échec de l’effort, ou plutôt de ta résistance des meilleures personnalités do rceuvre se révèle finalement inopérante, il était normal que les plus jeunes, les plus con cients, aient voulu reprendre la lutte à l’origine et tenter de revenir à l’absolu comme, qu rante ans avant eux, les Utopistes, les Futuristes, les membres du Bauhaus, de l’Esprit No veau, du Suprématisme, etc. Ce qui est moins normal, c’est qu’ils soient repartis des mêm bases, qu’ils s’appuient sur les mêmes mythologies à peine rajeunies. Dans leur stock d’imag n’est apparue en fin de compte que la seconde vague du machinisme : au silo se sont ajo tés les barrages, les raffineries ; aux avions, les fusées et les satellites ; au paquebot s’e substitué le porte-avions, aux pièces mécaniques se sont joints les éléments électronique Ainsi, leur importance ne provient que de leur prise de conscience d’un fait seuleme pressenti en 1920, devenu aujourd’hui réalité flagrante : le changement de dimension d construit. Se préoccupant avant tout de l’environnement total, toutes leurs études tourne autour des points de concentration de cette nouvelle nature formée par les agglomération urbaines. Ces « explorateurs du futur » représentent actuellement le noyau le plus vivant d’un architecture (qui se veut être toute l’architecture) et il devient nécessaire de faire le bila de leurs travaux. C’est pourquoi, après les études d’Archigram (Aujourd’hui n° 50). no publions dans ce numéro quelques projets de Hans Hollein et Walter Pichler. Patrice Goule III L’architecture, c’est l’ordre de l’esprit réalisé par la construction. ■ Architecture — une idée implantée dans l’espace infini, manifestant la force et la puissance spirituelle de l’homme, la forme e l’expression de sa destinée, de sa vie. Depuis son origine jusqu’à nos jours, le caractère et le sens de l’architecture n’ont pa changé : le fait de construire représente une nécessité fondamentale pour l’homme. Ceci se manifeste, avant tout, non pas par I. construction des toits pour se protéger, mais par la construction d’oeuvres sacrales, par le témoignage de foyers des activités h maines. Commencement de la ville. ■ Toute action de construire est cultuelle. ■ Architecture. Expression de l’homme même — en même temps chair et esprit. ■ L’architecture est élémentaire, sensuelle, primitive, brutale, horrible, puissante, dominante. Elle est également incarnation des émo tions les plus subtiles, dessin sensitif des agitations les plus complexes, matérialisation du spirituel. ■ L’architecture n’est pas satisfaction des nécessités des classes moyennes, ni décor pour le petit bonheur des masses. L’architectur est oeuvre de ceux qui se trouvent sur les échelons les plus élevés de la culture et de la civilisation, placés à la tête du dévelo• pement de leur époque. L’architecture est affaire de l’élite. al Architecture — espace — définie par les moyens de construire. L’architecture domine l’espace, le domine en s’élevant en ha teur, en creusant la terre, en couvrant largement le sol, en s’étalant dans toutes les directions. Elle le domine par la masse et le vide Elle domine l’espace par l’espace ■ Dans cette architecture il ne s’agit pas de beauté. Si nous réclamons déjà la beauté, ne réclamons pas une beauté dominée par I forme et la proportion, mais une beauté sensuelle d’une puissance élémentaire. ■ Ce ne sont pas les conditions matérielles visées qui conditionnent la forme d’une construction. L’oeuvre ne doit pas montrer so, caractère utilitaire, elle n’est pas l’expression de la structure et de la construction, elle n’est pas enveloppe, ni refuge. ■ Une construction doit exister par elle-même. L’architecture est sans but. Ce que nous construisons trouvera son utilité. ■ La Forme ne résulte pas de la fonction. La forme ne naît pas d’elle-même. C’est la grande décision de l’homme de créer u édifice en tant que cube, pyramide ou sphère. La forme dans l’architecture est une forme définie et construite par l’individu. ■ Aujourd’hui, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, au moment où le développement pris par la science et la techno logie nous donne tous les moyens de construire ce que nous voulons et comme nous le voulons, une architecture qui utilise la tech nique, mais n’en est pas tributaire, est une architecture pure et absolue. ■ Aujourd’hui, l’être humain est maître de l’espace infini. ■ Hans Hollein ■ L’architecture — expression de la force et du génie d’une époque, d’une idée. ■ L’architecture a été enlevée des mains des architectes.