Iceberg en porte-à-faux. Norvège. 11 JATURELLE masses rocheuses réalisée dans une irrégularité géniale. Et ce n’est pas .eulement l’irréalité des blocs plantés sur des supports amincis à la limite le leur capacité qui frappe le regard mais la disposition des groupes, la :irculation entre ces groupes et les forums d’eau ménagés par les bassins en dorme de cirque. On a pour ainsi dire, sous les yeux, ce que pourrait être Ione ville à l’échelle du monde. Dans une ville à cette échelle, les chutes du Niagara deviendraient fon-aaine dans un jardin public. Tout le monde vivrait dangereusement, même es enfants. f Les courants posent déjà des problèmes de couloirs de circulation des baux qui ne se mélangent pas. Il n’est pas douteux qu’ils finiront par servir quelque chose. Quant aux remous dont le plus fameux est le Maélstrom, Is révèlent des structures en tourbillons qui ne sont pas toutes à écarter. Avec les icebergs on retombe un peu dans le problème des rochers. Toute me mythologie les accompagne qui les font craindre comme la peste. Ce ont cependant d’excellentes villes flottantes. )el, LES NUAGES. Ce que les hommes ont vu dans les nuages, c’était jusqu’ici un mouve-ment et un poids. Ils sont, avec les cascades et les icebergs, une des éma-nations formelles de l’eau. On retombe, il faut le dire, dans les architec-tures de coton, mais il ne faut pas oublier que leur potentiel psychique est cependant des plus forts puisqu’ils ont donné aux hommes l’idée que Dieu les habitait et que le paradis y était installé. Il faut d’évidence leur trouver un autre emploi. • L’ARCHITECTURE BIOLOGIQUE. La plus complexe des architectures naturelles, c’est évidemment l’archi-tecture biologique, animale ou humaine. Les animaux ont des formes extraor-dinaires auprès desquelles notre indispensable géométrie paraît bien pauvre. L’éléphant de mer qui défend son harem juché sur sa queue de baleine est une assez curieuse figure d’équilibre. La caravane de chameaux conduite par le chame’ier est assez évocatrice de l’urbanisme linéaire auquel elle apporte une suggestion harmonieuse. On dit que le corps du Christ a donné l’idée et le plan des églises au Moyen Age. Vraie ou fausse, cette légende montre que le corps de l’homme lui-même a été pris en considération dans la construction en esprit si ce n’est en réalité. La danse des couteaux montre un autre aspect de ce vagabondage de l’imagination. L’équi!ibrisme est un équilibre qui se met au carré. De grandes lignes s’en détachent, un arc sans point d’appui comme on en trouve dans certaines sculptures de Takis. Les questions de magnétisme et de forces qui s’annulent ne sont pas déplacées au chapitre de l’architecture naturelle. Que penser, en définitive, du compas de dame Nature. Que nous donne-t-elle à voir ? Tout. Que nous enseigne-t-elle? Ce que nous voulons, mais d’abord à nous mettre à l’abri de ses caprices. Cependant, nous excellons à transformer les poisons en remèdes. Nous en avons beaucoup découvert, nous allons certainement en découvrir d’autres. Nous avons parlé d’une nouvelle échelle qui est déjà en grande partie passée dans la réalité. Ce sentiment d’une nouvelle échelle ne demande qu’à se développer. Mais il y a un autre point qui est la prise en considération des ouvrages de la nature, une manifestation du goût pour la prise de possession du site qui n’entraînerait pas de ravages à des fins d’habitation ou de divertisse-ment (ne parlons pas d’exploitation). C’est une façon de se placer dans le contexte des choses sans se mettre à déplacer des montagnes. F.L. Wright a certainement cherché à respecter certains cadres qui lui paraissaient dignes de demeurer dans leur état premier. Mais on peut aller beaucoup plus loin : s’installer dans le rocher d’Anthéor sans qu’il en coûte une écor-chure à la montagne, c’est d’un art consommé, plus exigeant et plus difficile, et cela demande un autre esprit que celui du bâtisseur qui veut d’abord une grande baie sur la mer. Julien Alvard. Dislocation d’un iceberg après explosion. hotos Boyer-Roger Viollet et Aage Jespersen.