qu’à un moment ou à un autre, avant ou après le Déluge, on n’ait pas ratissé les vallées, remonté la terre ou raboté les cailloux. La natu:e a de ce fait, en Europe, un aspect qu’elle n’a pas ailleurs, en Amérique en particulier (qui est encore pour un certain temps le Nouveau Monde) et en Afrique. On ne trouve pas dans ces deux continents l’amour des situations perchées, on ne voit pas tous ces chateaux forts, ces Sacré-Coeur, ces Parthénon, toute cette poétique des sites qu’on trouve miniatu-risée dans les jardins anglais à la veille du romantisme. Nous nous en sommes tenus à quelques exemples de l’Afrique faute de pouvoir, dans les limites d’un article embrasser également l’Amérique et l’Asie. • ROCHERS ET MONTAGNES. L’Afrique en fournit de remarquables exemples, le Mali en particulier. A Madagascar le Mont Fandana avec sa gigantesque coupole est parmi d’autres particulièrement représentatif des aspects d’une roche inviolée. Mais cela nous ramène à des architectures vécues et nous avons décidé de prendre nos distances avec la mémoire. • LE SABLE. Le sable par contre est un des cas les plus intéressants. Cette matière fluide travaille à modifier les autres et se modifie elle-même sous l’action du vent. Par un curieux hasard ce sont les constructions éphémères du sable comme du reste les érosions qu’il pratique sur les falaises qui sont le plus rapprochées de nos conceptions actuelles (on n’échappe pas aux analogies). Les formes sont fuselées, hélicoïdales ou ondu-lantes; elles rappellent les meilleures réussites des matières plastiques (Falaise de Port-Etienne en Mauritanie). • LA NEIGE. La neige, comme le sable, se révèle être une habile génératrice de courbes qui sont parmi les plus parfaites qui se puisse voir. Pourtant l’un et l’autre ne sont en définitive que des cristaux minuscules. Il est assez paradoxal de constater qu’ils sont à l’origine des grandes architectures de coton. • LES VOLCANS. Les volcans, eux aussi, travaillent à modifier et la plupart du temps à noyer les aspects anguleux de la terre ou de la roche. Mais il faut dire que les dons de peintres des volcans dépassent de beaucoup leurs dons d’architecte. Pour qui a vu le film d’Haroun Terzief, on ne peut penser aux volcans sans avoir sous les yeux l’incroyable variété de leurs couleurs. La vie d’un cratère ajoute à ces orgies de couleurs des phantasmes d’architec-ture bouillante, malléable et boueuse. Ce n’est pas tant un exemple de structures qu’une théatralisation de ce qu’il y a de plus emporté dans les plis Iceberg rongé par les vagues. ;:teerre,,, 10 Iceberg dont le soleil et les vents ont régularisé les formes. L’ARCHITECTUF du cosmos. Cette anarchie situe les volcans en éruption comme des ni vements de création accélérée qui sont encore hors de notre portée. • L’EAU. Quoi qu’il en soit du feu et des calcinations, l’eau demeure un des p grands agents de création du monde. L’eau des rivières, douce en princi comme l’eau des océans où se jouent les grands opéra-tempêtes. Sur te ce sont des gorges, des canyons, des murs de pierre au nez à nez cré des couloirs d’angoisse ou de fraîcheur. L’eau salée ne travaille pas avec moins de brio que l’eau douce. Ce qu peut voir en Nouvelle-Caiédonie, à Nienghéné où se trouve le rocher-île ( Tours de Notre-Darne, ne saurait décevoir les plus exigeants en matière’ i romantisme. Ce rocher s’élève au-dessus de l’océan comme une ruine cathédrale échevelée qui n’invite ni à la prière ni à la méditation, rrq soulève un sentiment d’horreur sacrée. C’est une extrême réussite su( plan émotionnel. Toutefois la plus grandiose réalisation naturelle est certainement c de la Baie d’Along où l’on trouve réunies toutes les expressions les vibrantes que la mer a su donner après des millénaires d’efforts. M exceptionnellement, on y trouve également une harmonie de groupera