tile0 Are 6 caravane au Sahara. Quel sens donner à l’architecture naturelle? La nature est-elle imitable, et si elle l’est, est-il souhaitable qu’on l’imite? Cette question est posée par Luigi Figini dans un article consacré à l’église Saint-Jean-Baptiste de Campo Bisenzio de l’architecte Michelucci. Cette église en forme de sculpture est le prétexte et l’occasion pour son commentateur de rechercher les limites entre l’art et la nature qu’il voit séparés par une « muraille de Chine ». Il s’agit-là d’une évidence qui n’a qu’une vérité relative. Les hommes font jusqu’à nouvel ordre partie de la nature et il faudrait les en retrancher pour affirmer que ce qui sort de leurs mains n’est pas de la nature. C’est par un sentiment de supériorité, bien légitime d’ailleurs, que les hommes ont d’abord préféré ce qu’ils faisaient à ce que leur offrait la nature. Ils avaient à se défendre d’elle. Ce qu’ils font leur est mieux adapté, du moins ils le croient et on ne voit guère comment on pourrait les faire revenir sur ce préjugé. Certes on entend dire partout que la nature est bonne mais on agit à son égard comme si elle était bête. Cependant, elle n’est ni bonne ni mauvaise, ni intelligente ni bête. Elle a peut-être un sens mais on ne sait pas lequel : c’est un secret bien gardé. Les bonnes gens pensent que c’est en l’imitant qu’on peut le mieux servir ses intérêts. Et si depuis un demi-siècle on en est moins sûr, il faut cependant toujours que les choses ressemblent à quelque chose. Si elles y manquent on s’en inquiète. On en vient même à retourner le problème On la croirait peinte sur le penchant de la colline » dit La Bruyère en parlant d’une petite ville. Voilà donc que la nature peut iassembler à la peinture. Mais ne parlons pas de la peinture et voyons plutôt comment la nature a fait ses preuves d’architecte. Figini cite les Pyramides Nubiennes, les cathédrales dans le Désert, les clochers Dolomitiques, les icebergs. C’est-à-dire qu’il fait comme La Bruyère, il retrouve dans certaines formes de la nature des formes sorties de la main des hommes et il estime qu’elles ont dû être une source d’inspi-ration. C’est peut-être vrai. Ce n’est pas tellement sûr, cela suppose acquises des certitudes que nous n’avons pas. Ce qui est plus vraisemblable c’est que les architectes des pharaons ont voulu élever des monuments à l’échelle d’une montagne. Cela les faisait rêver. Cela peut encore faire rêver. Sommes-nous prêts aujourd’hui à reprendre à notre compte l’évolution menée jusqu’ici par la Nature. C’est bien ce vers quoi nous tendons volon-Sahara. L’ARCHITECTUF tairement ou non. Mais nous n’y sommes pas encore tout à fait. Il encore régler quelques petits problèmes de détail. Cependant il faut reconnaître que nous sommes prêts à jeter un coup d’oeil neuf sur la na Il y a en gros deux sortes d’architectures naturelles. Celles dont on tirer parti d’une part, et d’autre part, celles qui ne servent à rien sin’ impressionner l’imagination. Les premières sont celles qui ont intéressé nos parents. Quand on c que le ciel ne vous tombe sur la tête, on est surtout attiré par ce qui assurer une protection. Tout ce qui est, de près ou de loin, utilisable d tement a donc été pendant des siècles le site idéal. Les roches et grottes, quand elles pouvaient servir de maison, font partie de cette mière catégorie. De même les cirques naturels où peuvent s’accomplir tc sortes de cérémonies : théâtres pour les fêtes, les sermons ou les as blées. De même les pics et les îles qui permettent de s’isoler voire d défendre. Le Moyen Age a connu cette invitation providentielle de la na et il en a laissé d’innombrables témoins. Que si l’on abandonne l’idée que la nature peut offrir un quelcoi avantage naturel, que si l’on admet que cette nature ne sert généraleme rien et qu’elle offre seulement des exemples, que convient-il de pe de ces exemples? La réponse est bien douteuse. Les démarches de la nature et de l’a tecte sont différentes, les temps sur lesquels elle travaille sont éloii les travaux accomplis sont si incommensurables, l’idée de fixité est si rq saire à l’un et si étrangère à l’autre que les cas où l’homme peut se lai aller à l’imiter sont forcément exceptionnels. En revanche s’il ne s’agit que d’y trouver un stimulant pour l’imaginé’, tout change. En tête des impressions qu’elle offre vient, aujourd’hui, une échelle c rente de l’échelle humaine, une échelle écrasante qui est une des foi du sublime. Cette échelle écrasante vient à son heure ; elle va de pair les possibilités que donnent les techniques nouvelles. Les ponts et lest rages travaillent dès maintenant à l’échelle des montagnes et des flet Rien n’interdit de faire de même pour d’autres édifices. Les villes, New en particulier, ont déjà montré jusqu’à quelles hauteurs elles pouvi monter pour affirmer leur prestige et donner à leurs occupants les labyrin dont ils ont besoin. FIND ART DOC