Ces quelques notes ne cherchent pas à être une somme de l’oeuvre plastique de Le Corbusier qui ne saurait être si aisément circonscrite mais une approche de son mode d’appréhension du monde; appré-hension effectuée essentiellement par le trait, expression sensible et signification profonde, impulsion créatrice qui complète la connais-sance obtenue par les sens et nous fait pénétrer au coeur des choses. Du dedans au dehors… Tout est dans l’intention, dans le germe. Rien n’est vu, apprécié, aimé que ce qui est si bien, si beau, que du dehors on pénètre au coeur même de la chose par l’examen, la recherche, l’exploration. Ayant parcouru un chemin multiple, on trouve alors le « coeur » de la chose. » Le Corbusier, 5 mars 1960 (1). Allant ainsi du dedans au dehors, du trait à l’expression colorée, nous pénétrerons d’abord dans le domaine du dessin. Le dessin présente à première vue un graphisme très serré, sorte de veto opposé au laisser-aller, à la facilité — maîtrise de la forme par un trait précis et fin ; t’utilisation d’objets définis aux contours nets, répertoire fixé d’avance afin de ne pas avoir de surprise dans l’expression mais simplement destiné à exprimer la sensibilité de l’espace dans l’arrangement des objets entre eux, leur « symphonie leurs distances et leurs rapports, tel est le principe même du dessin puriste. 102 La Cheminée ». Dessin. Vers 1920. Nature morte Nature morte aux nombreux obj Indépendants. 1922. O E Grande nature Puis, l’usage de la pointe d’argent entraîne Le Corbusier dans une recherche extrêmement précise et systématique qui renforce encore son souci d’exactitude, de finesse de perception. Il élabore toute une série de dessins extrêmement nets : femmes, portraits d’hommes, scènes de la vie familière qui restent parmi les plus précieux de toute son oeuvre. C’est à dessein que les croquis de voyages et les dessins d’archi-tecture ne seront pas évoqués ici car ils ne peuvent être analysés tout à fait dans la même perspective. Dans la période suivante dite des « objets à réaction poétique ». objets naturels, racines, coquillages, troncs d’arbres, intéressants par leurs formes, plus lyriques que les objets puristes mais encore objets de nature existant en eux-mêmes, sans intervention de l’homme (Le Corbusier a toujours eu une prédilection pour les écorces, pommes de pin, cristaux de neige) une certaine chaleur commence à se manifester, retour aux premiers enseignements reçus de son maître L’Eplattenier à l’Ecole d’Art de La Chaux-de-Fonds qui lui avait donné le goût très sensible de la matière. A ce goût s’ajoute la conviction de tout un potentiel poétique dont Le Corbusier nous donne I fragments d’éléments naturels, des bouts de pierre, d morceaux de bois, de ces choses martyrisées par les é sées au bord de l’eau, du lac, de la mer… expriment des a clP , « Ces ?.E fo;s.k,s, de! léineiits, rarlias-lc , pl v,:qu